Bonjour tout le monde
ça faisait longtemps que je n'étais pas venue sur ce site mais je suis très très occupée :)enfin bon je compte sur vous pour me donner votre avis
J'improvise
La nuit tombe. Je dois me dépêcher de rentrer. Je vais devoir prendre Le Labyrinthe. Le Labyrinthe, c'est cette petite ruelle sinueuse et sombre qui me permet de rentrer plus vite chez moi. Il fait sombre et tout le monde me dit de faire attention lorsque je l'emprunte. Mais moi, je n'ai pas peur. Le Labyrinthe, c'est mon sanctuaire. C'est là que je vais me réfugier. Pour moi, c'est un lieu de calme et de repos, un peu comme une église pour un chrétien.
Bref, je prends Le Labyrinthe. J'observe les graffitis sur les murs-œuvre de mon frère pour une grande partie-, les pavés sur le sol. Gris, ils sont gris. Tous gris. Comme dans une église moderne, encore une fois. Mais j'aperçois soudain un pavé tâché de sang. Quelques gouttes, tout au plus. Rien de bien inhabituel donc. On est vite habituée à ce genre de violence dans mon quartier, étant donné que tous les jours on en entend parler. On devient fort et courageux. Mais au fur et à mesure que je progresse dans la ruelle, les tâches de sang se font de plus en plus fréquentes. Soudain, je l'aperçois. Dans un coin sombre, elle ne peut pas hurler. Comment voulez-vous hurler quand votre bouche entière est envahie par votre propre sang? Impossible, croyez-moi. J'aperçois aussi ses agresseurs. La regard vide, mortel et effrayant. Comme mon frère avant de mourir. Ce regard qui ne part jamais tant que l'animal à qui il appartient n'a pas fini d'accomplir son sombre dessin.
La petite fille aussi m'a aperçu. Je le sais puisqu'elle me lance un regard empli d'appel au secours, un des ces regards qui ne vous quitte jamais, qui vous hante. Je lui en veux presque, de ne pas garder sa souffrance pour elle, de me la communiquer comme pour lier son destin au mien, quoi qu'il se produise dans mon Labyrinthe. Elle me lance donc un ultime appel, auquel je ne réponds pas. Je détourne le regard et continue mon chemin. La fin du Labyrinthe, celle du cauchemar aussi par conséquent. Je sens les yeux de la petite fille dans mon dos. Ils me brûlent, me consument.
Je suis à la fin du Labyrinthe. Je sors. Mais ces yeux me brûlent toujours, ils me brûlent avec plus d'intensité encore même. Je sais ce que je dois faire. Je me retourne et, prenant mon courage à deux mains, ce même courage que je prétendais avoir quelques minutes plus tôt mais qui m'a abandonné à la seconde même où j'ai aperçu cette petite fille et surtout, son regard. Je cours même, car la brûlure est moins intense quand je cours. Quand enfin, je suis arrivé sur les lieux, je n'entends qu'un silence oppressant. Plus de trace d'agresseurs. Juste une masse inerte au sol. Une masse dont les épaules ne se soulèvent plus au rythme de la respiration. Car il n'y a plus de respiration. Je suis le seul être vivant, si être vivant il y a car mon corps tout entier me semble à l'agonie. Je suis le seul être vivant dans cette ruelle. La petite fille est morte. Je ne brûle plus, mais je ne suis pas encore en vie pour autant. Alors je hurle, je hurle encore et encore pour évacuer l'horreur qui me submerge. Je vomis, puis je m'écroule au sol, près du corps tâché de sang.
Je comprends alors que ma vie s'est elle-même arrêtée au moment où j'ai abandonné la petite fille. Je m'allonge donc sur son corps sans vie. Le Labyrinthe n'est plus mon lieu de paix, c'est devenu ma prison, mon lieu de torture, l'endroit de toute ma souffrance mais aussi celui de ma tombe. Je ne me sens plus la force de partir.
Vu du ciel, l'image doit être belle. Deux êtres enlacés et réunis pour toujours. Une belle image, à coup sur. Mais vu du ciel, pas du lieu de torture.