Sujet: Silhouette discrète [TP] Lun 6 Oct 2014 - 21:05
Un autre écrit :
Le vieux titubait, il se balançait à travers l'obscurité glaçante. Il faisait froid, très froid. On ne voyait pas à cinq mètres, tout le paysage était recouvert d'une fine couche de neige. Il marchait avec difficulté, on aurait dit qu'il avait une jambe en moins. Il avançait dans le mur de froid qui se dressait devant lui. Au loin, des lumières étaient allumées, signe qui signifiait la présence d'une petite maison ou d'un village. Il devait s'abriter car le froid l'attaquait tel un aigle plongeant sur ses proies et remontant dans le ciel pour disparaître. Mais il ne voulait pas partir comme un vulgaire petit rongeur. Il ne songeait à rien, juste à la vie, la chose la plus simple mais aussi la plus oubliée. La survie lui donnait l'énergie nécessaire pour se sauver. Plus d'une fois, il avait réchappé à la mort. Il avait vécu cette sensation étrange, mélange d'appréhension et d'excitation. Sensation étrange pour un événement aussi banal. Sa mort passerait inaperçue dans la masse de cadavres qui grandissait chaque jour. Peut-être qu'ils ne découvriraient pas son corps avant le printemps, et alors ils l'enverraient à la morgue où il serait probablement brûlé. L'évidence de ce scénario lui apparaissait, telle une passion interdite, sous ses yeux. Pensée morbide, mais dont il ne pouvait se défaire. Il retrouva de l'espoir en se réchauffant à la force de son souffle et de son coeur. Il tremblait, de peur et de froid. Ses dents claquaient dans le bruit silencieux de la solitude. Il regarda autour de lui, mais il ne voyait rien à part la lumière lointaine et quelques arbres qui le regardaient avec curiosité. Leurs larges branches lui faisaient un signe de main, leurs bouches lui faisaient un sourire. Un sourire qui s'effaça quelques secondes après qu'il se détourna de ceux-ci. Il était mal habillé, un grand et très épais manteau, un bonnet, une barbe hirsute en guise de mouchoir, un pantalon déchiré et un sac qui lui servait de coussin. Il ne possédait que ça, et son corps. Il était libre, il était libre de mourir. La société l'avait abandonné depuis bien longtemps, continuant sa route sans regarder les gens laissés en chemin. Par la suite, elle l'avait ignoré, fait comme s'il n'avait jamais existé mais il existait. Sinon comment se faisait-il qu'il respirait, qu'il pensait consciemment ? Après une dizaine de minutes, il arriva dans un petit village, plusieurs chaumières avaient des lumières allumées. Les lampadaires reflétaient son ombre sur la neige. Il paraissait vieux, vieux de la vie, incompris de la société. L'avenue principale marchait, plus loin, et se séparait à un carrefour. Les maisons de ce bourg semblaient vieilles, elles étaient faites de briques principalement et avaient deux étages. Elles comprenaient de petites fenêtres qui étaient disposées irrégulièrement. Le toit, bleu, était en vieille ardoise. Devant, des petits jardins où généralement se trouvait un petit bassin d'eau. Il emprunta le portail de la première maison qu'il vit, la plus excentrée. Il toqua doucement, pour déranger le moins possible, une femme de quarante ans lui ouvrit: "Qui êtes-vous ? -J'aimerais passer une nuit chez vous, j'ai froid, très froid, je peux ? -Allez-vous en ! Je ne veux pas de clochard aux abords de ma maison et encore moins dans mon salon ! -S'il vous plaît, soyez compréhensifs, faites un bon geste. -Je vous ai déjà dit de vous en aller sinon le seul lit que vous allez trouver est le lit du commissariat!" Il s'en alla et s'éloigna de cette maison. Là où il plaça son espoir, il ne trouva que rejet et incompréhension. Il avait envie de pleurer, sortir toute cette tristesse, tout ce malheur de lui. Personne ne comprenait, il fallait qu'ils soient dans la même situation pour comprendre ce qu'un refus dans une situation désespérée pouvait faire au coeur. Il avait espéré qu'il y eût des personnes bonnes, gentilles, mais non, elles furent comme la majorité des gens. Il avait senti du jour où il sombra dans la pauvreté, que le regard des gens avait changé. Même ses amis l'avaient abandonné, "pas assez riche". Il s'assit sur un banc, avec pour seul compagnon le trottoir et le désespoir. Il ne bougeait plus, il ne pensait à rien. Il ne faisait plus rien. Il entendit un bruit de camion, là-bas de l'autre côté de la place où il se trouvait. Il courut de toutes ses forces et vit un homme qui rentrait du travail. Il essaya de lui parler, mais ce grand gaillard fit semblant de ne pas le voir et continua son action sans répondre. Le "clochard" comme il l'appelait se laissa tomber dans la neige. La douceur de celle-ci s'opposait à la dureté des habitants. Il les assimilait à des montagnes, lui l'alpiniste, n'avait pas réussi à les gravir mais il ne savait s'il allait redescendre. Ses larmes se déversèrent sur le bitume glacé. Ses yeux étaient fermés, sa bouche entrouverte, il sifflotait. Il était allongé par terre, un insecte méprisé par les hommes. Son nez était rouge. Ses cheveux étaient d'un blanc immaculé, comme son âme. Plus rien ne comptait pour lui. La joie et le bonheur s'étendirent jusqu'à lui, ils s'employèrent à lui faire un doux matelas. Corps inanimé dans la brume tournoyante, il gisait là, tel un prince sans couronne.
Correction de Jack Vessalius
il se balancait -> il se balançait il fait froid -> faisait 5 mètres -> cinq pour disparaitre -> disparaître II avait vécu -> Il un évènement -> événement qui grandit -> grandissait et alors ils l'envoyeront -> enverraient où il seras -> où il serait l'évidence de ce scénario lui apparaîssait -> apparaissait (JAMAIS DE ^ AVANT UN S !) tel une passion interdite -> telle la lumière lontaine -> lointaine leurs larges branches lui faisait -> faisaient leurs bouches lui faisait -> faisaient comment se fait-il -> se faisait-il les maisons de ce bourg semblaient vieille -> vieilles elles [...] avait -> avaient une femme de 40 ans -> quarante en-allez vous -> allez-vous en encore moi dans mon salon -> moins s'il vous-plait -> s'il vous plaît de vous en-allez -> de vous en aller ils fallaient -> il fallait (le verbe falloir est impersonnel comme pleuvoir,toujours 3e pers. singulier) desespérée -> désespérée il avait espéré qu'il y eu -> eût mème ses amis -> même il s'asseya -> il s'assit toute ses forces -> toutes continua sans action -> son action comme il l'appellait -> appelait ses larmes se deversèrent -> déversèrent le bitume glaçé -> glacé (pas de cédille devant e et i) il sifflonnait -> sifflotait la joie et le bonheur s'étendèrent -> s'étendirent corps inannimé -> inanimé la brume tourneyante -> tournoyante
Cornedor Divine cerfette et ses lapins multicolores
Messages : 5120 Date d'inscription : 17/05/2014 Localisation : Endormie dans un terrier de lapins. Humeur : Lapinesque. (ça veut dire paisible et joyeuse)
Sujet: Re: Silhouette discrète [TP] Dim 12 Oct 2014 - 14:54
Quel bow texte De belles métaphores et oxymores (le bruit silencieux de la solitude ), et très émouvant.