Le Système des Mondes
1)La terre tournait autour de soleil avant qu’on le sache, reléguée sur les bords de notre galaxie alors qu’on se croyait au centre de la création… Galaxie perdue dans un univers sans plus de limite que la surface d’une sphère
[1].
Nous avons pris des millénaires pour en arriver où nous en sommes. De l’Age de la Pierre, seul subsistent des peintures ; de l’ancienne Egypte, des temples et des tombes… Mais de notre époque, il ne reste déjà plus rien, comme si seul ce qui est ancien pouvait se conserver, et que le récent, plutôt que d’entrer dans l’histoire, préfère se cacher pour mourir.
Nos vaisseaux sont des colosses, nous avons colonisé l’univers, au moins en partie, sans rencontrer la moindre vie, et pourtant…
Nous ne manquons plus de rien, ni de denrée, ni d’énergie. Nous avons apprivoisé des soleils grâce à nos technologies, privant en même temps leurs satellites de leurs lumière, quand nous ne les avions pas démontées tous pour nos sphères
[2]. Nous avons, patiemment, modifié l’atmosphère d’autres planètes pour pouvoir supporter nos cultures.
La terre, qui peut enfin savourer d’être un centre, celui de la civilisation terrestre, avait même pu être sauvée des ravages du troisième millénaire.
Pourtant, malgré notre faste, malgré notre grandeur, malgré enfin d’avoir atteint ce qui peut sembler être la perfection d’une culture, notre civilisation qui avait maintenant tout de l’immortalité avait, à mes yeux, perdu tout intérêt à exister.
2)J’habitais sur terre à cette époque, comme trois autres milliards d’individu. On ne devait pas représenter même d’un demi-millième de la population humaine.
Pour ma part, je considérais que vivre sur terre était une chance ; j’avais toujours eu l’impression d’être ainsi au cœur même de notre civilisation, en contact avec ses racines. Pourtant, même si la terre avait bénéficié de tous les avantages que pouvaient lui apporter les savoirs de l’humanité, elle était délaissée et n’avait, aux yeux des colons de l’espace, rarement plus d’intérêt que les astéroïdes gravitants autours de leurs planètes d’accueil.
Car la technologie n’avait sauvé la terre que comme elle sauve les antiquités, en la plaçant comme hors du temps pour empêcher qu’elle ne s’abime… des installations avaient étés installées sous terre pour réchauffer son noyau de métal qui avait commencé à refroidir un millier d’années après la colonisation du système solaire, faisant ainsi faiblir son champ magnétique, la rendant vulnérable aux particules cosmiques
[3] ; avant cela, on avait pu en purifier l’atmosphère des excédents de carbonne produit par les industries du troisième millénaire.
Maintenant, l’eau était propre, les forets luxuriantes…
Mais il n’y avait rien de plus. Comme dans un musée, il fallait maintenant veiller à ce que rien ne change.
Je pense qu’on veut pouvoir dire, si un jour on rencontre une espèce intelligente, « Là est le berceau de notre existence. ».
J’ai dit « de notre époque, il ne reste déjà plus rien ». Je le pense.
On connait mieux les auteurs du second millénaire que nos contemporains, et malgré les avancées scientifiques incroyables opérées depuis, Newton et Einstein sont toujours plus illustres que Lanne ou Strovitzs. On perfectionne, on n’invente plus rien. Et lorsque nos créations ne répondent plus à nos attentes, on les recycle. D’aujourd’hui, on aura aucune trace demain.
Parfois, ça me rend triste.
3)Je pense que c’est Ed qui a amorcé l’histoire. Ceux qui diront que ce n’est pas Ed sont des abrutis.
Nous sommes en l’an dix mille sept cent vingt et un. Depuis près de sept millénaires, l’histoire humaine s’est arrêtée.
Je ne dis pas qu’elle n’a pas avancée, mais un vide béant s’étend dans nos mémoires. Je pourrais vous dire, si je prenais la peine de le chercher sur une borne organo-quantique
[4], en quelle année on a bâti nos sphères dans le système Alpha Centauri. De mémoire, c’est Lanne qui a créé le moteur à masse lumineuse
[5] et Strovitzs le fonctionnement des atomes jumeaux
[6], des trous noirs et des trous de vers
[7]… mais tout cela ne sert à rien. Seul de rares cerveaux en ont l’usage et la compréhension, et tous leurs font confiance pour diriger l’humanité.
Mais Ed a amorcé l’histoire. Enfin, notre histoire. Je ne pense pas qu’elle restera dans les annales de notre civilisation, trop peu de gens peuvent la comprendre. Pourtant, la découverte d’Ed est, je le pense, la plus grande découverte que l’humain ait pu faire.
Et parfois, je suis étonné de voir comme un calcul, aussi complexe qu’il soit, peut avoir tant de signification.
Lorsqu’Ed a publié se découverte, je me suis renseigné auprès de lui sur ce que signifiait ses chiffres, ses symboles, ses graphes. J’avoue ne pas les avoir compris, mais seule la conclusion compte, et me disant cela, je comprends d’où vient l’oubli qui affecte notre peuple : lorsqu’on connait nos origines et qu’on a déterminé notre but, le chemin devient une formalité et perd toute saveur.
Et je ne peux pas me défendre de ne rien avoir compris, je suis physicien… Ed aussi, mais lui, c’est le meilleur.
4)Dans les alentours du début du troisième millénaire, la physique avait vu se développer une nouvelle branche qui devint centrale : la physique quantique
[8].
L’apparition de cette branche apporta, comme on s’en doute, son lot de nouvelles questions. L’une d’entre elle, et non la moindre, était de la lier avec la physique générale.
Trouver un modèle général et parfait. Cela peut sembler audacieux, mais c’est dans la logique des choses.
Je ne pourrais pas lister les théories qui furent imaginées pour englober la physique générale et quantique, tout ce qu’il faut savoir pour comprendre l’importance de la découverte d’Ed, c’est que l’une d’elle, nommée théorie des cordes, était capable de donner 10
500, voire plus, solutions différentes pour résoudre les équations de notre univers
[9].
Ce que ça veut dire ? C’est là qu’Ed entre en jeu. Si on comprenait Ed, chaque solution était un monde.
En d’autres mots, Ed avait démontré qu’il existait d’autres mondes.
5)La terre tournait autour de soleil avant qu’on le sache, reléguée sur les bords de notre galaxie alors qu’on se croyait au centre de la création… Galaxie perdue dans un univers sans plus de limite que la surface d’une sphère.
Un univers perdu parmi une multitude de mondes…
On pourrait croire que la découverte d’Ed avait fait du bruit, mais non. Moi-même n’était au courant que parce qu’il était un ami. En tout cas, c’était mon sentiment, pour sa part, Ed n’aimait rien plus que la physique et les mathématiques, bien qu’il venait régulièrement se détendre avec nous.
Nous, c’est moi ainsi qu’Alex et Seb, que l’on appelait Pat. On s’était rencontré à l’université, sur terre. Les universités de la terre restent les plus cotées, et sont la dernière attraction qui puisse attirer des visiteurs sur terre.
On était tous inscrit dans la faculté de physique, sauf Ed. Lui, il était inscrit dans celle de physique et de mathématique. On a tous terminé nos études d’une traite.
Quand j’y repense, c’est drôle, car plus personne n’a besoin de faire d’études. Depuis maintenant trois mille ans, plus personne ne travaille, nous produisons tant que plus rien n’a de valeur, et l’on peut donc tout se procurer.
Peut-être que les études étaient pour nous le seul moyen de ressentir la satisfaction du travail bien fait, maintenant que l’humanité n’avait plus d’autre tâche que de coloniser, et qu’elle la déléguait à des machines idiotes ?
Je ne sais pas si mon souhait, en étudiant, était de m’occuper ou d’apprendre, mais ce qui est sûr, c’est que dès que nous avions fini nos études, nous sommes tous retournés à nos vies passives.
Enfin, quand je dis « tous », je ne parle plus d’Ed. Lui, il passait ses journées à élargir ses connaissances. L’université lui proposait également d’utiliser ses installations. Parfois, lorsque je m’ennuyais, je venais l’assister dans ses travaux, mais je n’étais que rarement utile. Ses recherches dépassaient ma compréhension.
C’est d’ailleurs peut-être pour cela que sa découverte fit si peu de bruit. Si moi-même, ayant étudié à ses côtés, ne comprenait rien à ce qu’il faisait, pour quelle raison se serait agitée l’humanité ?
Mais en réalité, il n’y avait pas besoin du moindre remous ; pour Ed, seuls comptait ses résultats, et je peux vous le jurer, ils sont correct.
6)La découverte d’Ed ne fit pas de bruit. Je n’étais d’ailleurs pas sûr qu’il y ait eu beaucoup d’autres personnes que nous, je parle à nouveau de « nous » au complet, qui en étaient au courant. Pour tout dire, même les professeurs de l’université n’avaient pas porté grande importance au travail d’Ed. Ils ont commencé par lire la conclusion et l’ont jugée grotesque, ils ont regardé les calculs mais ne les ont pas compris ; Ed les survolait. Et ne le comprenant pas, ils conclurent que son travail était faux.
Notre univers est grand, et sa thèse prit du temps à être intégrée dans les bornes organo-quantiques des colonies, mais vint un jour, trois ans plus tard, où un message arriva de plusieurs centaines d’années lumières. Si les messages sont rapides à délivrer grâces aux particules jumelles de Strovitzs, les distances sont telles qu’il est souvent plus facile de se déplacer pour tenir une conversation si l’on ne veut pas attendre un an, voire plus, entre les réponses.
A l’autre bout de l’espace, un homme nous soutenait, et il était prêt à nous aider à monter expérimentalement l’existence de ces autres mondes.
Mais je dois d’abord vous expliquer ce que sont ces autres mondes ; si j’en crois les explications d’Ed, les univers sont des variations les uns des autres, avec comme caractéristiques divergentes les valeurs des constantes mathématiques, physiques.
J’ai du mal à me représenter les choses, car même si j’imagine sans trop de difficultés une variation des constantes gravitationnelles, je ne peux comprendre par quel phénomène la valeur de pi peut être altérée.
J’en suis arrivé à comprendre, à l’aide de renforts d’explications, que la pluparts de ces mondes étaient, selon Ed, totalement chaotiques.
Pour mon ami, la seule manière de jauger la stabilité d’un univers était la vérification de certaines identités, il invoquait en particulier celle d’Euler
[10], mais il concluait lui-même ne pas en être certain. Sans observations, même son génie ne pouvait rien faire de plus… Mais il n’abandonnait pas ses recherches.
En réalité, plus que jamais, il s’y absorbait plus que passait le temps, et le message l’encouragea d’autant plus.
7)Le contenu du message était assez simple et niait, si l’on exceptait la signature de l’expéditeur… K. Dvarok. Et il était prêt à miser sa fortune pour prouver les résultats d’Ed.
Il peut paraitre étrange que je fasse mention de sa fortune, ayant déjà précisé que la monnaie n’avait plus de valeur dans l’univers, cause étonnante d’un capitalisme débridé, mais avec Dvarok, nous ne parlions plus de richesses, mais de puissance.
Sa famille avait été de celles qui ont colonisé l’espace à l’époque où aucune loi n’existait pour juguler le colonialisme spatial. Et c’est en deux millénaires que les Dvarok devinrent les propriétaires de centaines de sphères « Dyson »
[2].
De ce que je lisais dans son message, j’apprit qu’il s’intéressait depuis sa jeunesses aux beautés de la physique, et qu’après être tombé sur le travail d’Ed, après recherches et vérifications, car il ne comprenait pas plus que tout un chacun les équations d’Ed, il avait conclu en la justesse de son œuvre et qu’il pouvait, en mettant son pouvoir à l’aide de la science, faire faire à l’humanité un pas de géant qui sortirait l’homme de son immobilisme.
Je ne sais toujours pas si K. Dvarok était vraiment intéressé par la science et l’humanité ou s’il voulait simplement étendre son empire là où nul n’avait encore été, néanmoins, lorsqu’il arriva sur terre, deux années après qu’on ait reçu son message, Ed était près. Il savait comment prouver ses calculs.
A vingt-quatre ans, Ed avait démontré le système des Mondes.
Ne restait plus qu’à les observer.
- Explications du contenu entre crochet dans le texte.:
-
Je ne donne ici qu'une explication basique pour les éléments que j'ai mi entre crochets, mais mes connaissances sur ces thèmes ne sont pas encore bien grandes... Elles auront le temps de se développer les années qui vont suivre...
[1]
Imaginez une bille sur laquelle vous pouvez vous déplacer. Localement, c’est-à-dire
de là où vous êtes ( on peut supposer n’être qu’un point à la surface de cette bille pour faciliter la comparaison), vous vous trouvez dans un espace à deux dimensions. Effectivement, la longitude et la latitude sont les deux seules valeurs dont on a besoin, une fois qu’une origine est fixée, pour déterminer la position du point. Et si on interroge le point, jamais il ne pourra se douter être sur une bille, car il avance toujours tout droit.
La bille a donc une surface finie mais pas de bords.
La conjecture de Pointcarré, démontrée en 2004 par Perelman, met en évidence le fait que, de la même manière, toute forme en tridimensionnelle est contenue dans une hypersphère S3, c’est-à-dire une sphère de dimension 4 qui contient un volume fini, mais pas de bords… J’ai du mal à me le représenter.
(Dans les faits, j’ai simplifié et retiré de la justesse au profit de plus de clarté ; mais je suis sûr que ce n’est pas très gênant par vous^^)
Conjecture de PointcarréHypersphère S3[2]
Les sphères de Dyson ont étés imaginées par Dyson Freeman (physicien) comme étant le moyen le plus efficace d’avoir une grande quantité d’énergie.
Dans les faits, une sphère de Dyson consiste en une mégastructure en orbite autour d’un soleil, voir une coquille tout autour, qui absorberait son énergie (de n’importe quelle manière, photovoltaïque, thermique, radioactif…).
Selon ce dernier, il suffirait de 3000 ans à l’humanité pour en construire une autour du soleil, et Jupiter serait suffisant pour la matière première.
Sphère de DysonPour ceux qui auraient, Science et Vie Junior, numéro 301 (octobre 2014).
[3]
Bon, je l’avoue, mon échelle de temps est mauvaise. Mais il faut bien avoir le droit d’imaginer ce qui nous plais^^
Dans les faits, le refroidissement du noyau n’aura lieu que dans des milliards d’années, mais bon, si on suppose que les sphères de Dyson ont, en captant la majeur partie de l’énergie solaire, fait baisser la température sur terre, et lui prodiguant moins de radiations, peut-être que le refroidissement peut être plus rapide ? Mais certainement pas si rapide néanmoins.
Champ magnétique terrestre [4]
Je n’ai pas assez de connaissances sur ces deux thèmes que pour vous en dire un mot, sachez néanmoins que ce n’est pas que du domaine de la science-fiction. Il me semble avoir lu une fois que, si l’on arrivait à coder les informations sous forme d’ADN, l’ensemble des information disponible sur internet tiendrait dans moins de 10 cm[exp]3[/exp].
Calculateur QuantiqueInformatique Organique[5]
C’est de la SF, il n’y a rien à expliquer. Néanmoins, j’ai des inspirations plus scientifiques, mais il faut que je retrouve toutes les sources… En attendant, en voici déjà une…
Moteur Alcubierre[6]
Des particules jumelles sont des particules qui sont liées au niveau quantique et qui subissent tout ce que subit leur ‘’jumeau‘’, et ce instantanément quelle que soit la distance qui les sépare. Leurs mouvements seront donc parfaitement identiques.
Atomes jumeaux(Je n’ai pas lu tout l’article, je vais vérifier une autre fois s’il parle bien du sujet)
[7]
Les trous de vers sont un phénomène physique dont nous n’avons pas la preuve de l’existence il me semble… Néanmoins, ils sont très prisés par le genre de la science-fiction.
Dans les faits, il s’agirait de trous dans l’espace-temps qui lieraient deux points de l’espace et du temps.
Trou de ver[8]
Je ne prends même pas la peine d’en parler, je n’y connais presque rien et je ne saurais pas parler du peu que j’en sais…
Physique Quantique[9]
La théorie des cordes est un essai de théorie pour généraliser et grouper la physique quantique, relativiste etc… Je ne la comprends pas plus que la physique quantique, donc à nouveau, direction Wikipedia !
Théorie des cordes[10]
Considérée par beaucoup comme LE plus beau résultat des mathématique, car il lie les nombres les plus importants des mathématiques de manière simple et harmonieuse, l’identité d’Euler est la suivante :
epi*i-1=0
Avec e le nombre d’Euler, pi… qui est pi, i l’imaginaire.
Identité d’EulerSi vous trouvez des fautes dans mes explications, n’hésitez pas à me le faire remarquer pour que j’y apporte une correction. Les résultats que je donne dans ma nouvelle sont corrects dès le moment où mes sources et mes cours le sont (ce qui est probable).
J'avais envie de m’amuser avec ce que j'apprend aux cours, et comme je n'ai que des cours de physique et de math, je n'avais pas d'autres sujets que la physique et les math...
Qu'en pensez vous?