Messages : 355 Date d'inscription : 10/04/2013 Localisation : Dans ta cave. Humeur : Ambigüe...
Sujet: Nova Stella [TP] Sam 7 Nov - 17:54
Note: Lisez, si ce n'est pas encore fait, "Le Système des Mondes" (clique sur le titre pour le lien) et L'Harmonie des Sphères si vous tenez à comprendre le texte, car c'en est la suite. Bonne lecture
1) On a changé les couleurs… C’est l’impression que ça me fait en tout cas. Rien dans ce monde n’est semblable à celui d’où l’on vient, pourtant tout y est pareil. Comme si les couleurs avaient changées sans que l’on nous le fasse remarquer, teintant d’étrange chaque objet familier. Les lignes semblaient plus courbes, la gauche s’est mise à droite, ce qui se croise ne se touche plus… Rien n’est plus à sa place et pourtant rien n’a bougé…
Derrière nous, une lumière vive s’estompe ; on a réussi.
2) Il y a maintenant - comment mesurer le temps lorsqu’on passe d’un univers à un autre ? - un jour ? , j’ai avec Ed, Dvarok et la petite équipe qui s’était mise au travail avec nous pour montrer expérimentalement l’existence des univers parallèles qu’avait théorisé Ed, embarqué dans notre vaisseau ovoïde pour nous propulser dans l’inconnu, dans l’un de ces univers, de ces mondes parallèles que l’humanité n’avait encore jamais observé. Le voyage se fit sans incidents. De la salle de contrôle, nous n’observions le changement d’univers sur os capteurs que par d’infimes et étranges variations. Une sorte d’onde traversa le vaisseau, et sur son passage, le matériel prenait une forme étrange ; pas tout à fait déformée, mais pas tout à fait régulier. Comme si des miroirs les avait reflétés puis retournés dans des directions qui n’existent pas et je ne savais déterminer.
3) Etre ici, c’est comme boire avec la tête à l’envers. On a l’impression que l’on sait ce qui ne va pas, ce qui a changé, mais ce n’est que lorsque qu’on avale que l’on remarque que rien ne fonctionne comme on l’avait cru. Il est probable que nous ne soyons pas adaptés à ce monde, mais comme nous étions toujours en vie, tout allait bien. Il nous fallut trois jours, comptés sur l’horloge de bord du vaisseau, pour que l’on se soit tous plus ou moins habitués à l’étrangeté ambiante. Car en plus de l’impression de déstructuration de l’univers, la gravité y était sensiblement plus faible, la lumière plus sombre, l’air semblait plus dense… Ce ne fut qu’après ces trois jours que nous décidâmes enfin d’observer notre nouveau monde.
4) Si je dis ne pas avoir été déçu, je mentirais au moins un peu. L’espace qui s’étendait hors du vaisseau et que l’on regardait via les moniteurs de contrôles ressemblait tant au notre que j’eu un sentiment de tristesse. Nous avions tant travaillé sur ce projet qu’avoir en face de moi ce qui aurait pu être la voie lactée ne m’enthousiasmait guère. Ed, lui, semblait aux anges. Béat, il regardait les écrans comme s’il ne voulait pas perdre la moindre seconde qu’il pouvait passer à observer ce nouveau monde. Il ne prenait pas de notes, mais je savais qu’il décortiquait déjà ses analyses dans sa tête. Moi-même, je faisais mes observations ; déjà, l’espace était structuré. Par exemple, on voyait des étoiles, ce qui signifiait qu’il y avait ici des forces assez fortes que pour maintenir les atomes ensemble et déclencher une fusion nucléaire. De là, il était facile de supposer qu’il existait en ce monde les phénomènes semblables aux nôtres…
5) J’ai dit que j’étais déçu, mais j’étais aussi bien sur heureux. Sous mes yeux se dévoilait la preuve de la réussite de notre projet. Voir que ces mondes étaient si semblables était pour moi une forme d’éloge à la physique, comme une preuve de sa perfection et de son universalité. Ce n’était plus que la compréhension du monde, mais de la création elle-même. Au même titre que les mathématiques, elle devenait une vérité générale [1], une explication qui dictait les lois universelles qui ne peuvent être imaginées autrement. Aux côtés de « 1+1=2 » se hissaient « La matière est composée de 12 particules fondamentales » [2] et « Il existe 4 forces distinctes dans la nature »[3]. Grace à nous, la physique avait atteint le stade de vérité. Bien sûr, il y aura toujours à creuser plus en profondeur pour comprendre plus finement la nature, mais nous savions maintenant à que point ce que nous faisions était universel, et que nos simples équations étaient bel et bien assez fortes que pour tout diriger. Je sais que c’est aussi ce que pensait Ed. En cet instant, le vaisseau était silencieux.
6) Je ne suis pas sûr que quiconque aie parlé ce jour-là. D’une certaine façon, nous avions été trop choqués que pour en discuter. Ce ne fut que le lendemain en mangeant avec Ed qu’il me dit à quel point tout cela l’émerveillait. On commença ensuite à vérifier les capteurs du vaisseau pour relever toutes les mesures possibles et caractériser le monde dans lequel nous étions. La constante de gravitation y était visiblement plus petite, la température de l’espace plus élevée… Ed commentait toutes les valeurs qui sortaient des ordinateurs pour tenter d’en déterminer les impacts. Tout cela nous excitait incroyablement, et les capteurs fonctionnaient à plein temps et tout ce qui pouvait être mesuré l’était. Nous avions des milliards de résultats en mémoire. Nous observions et discutions directement des implications des résultats avec Dvarok et l’équipage qui s’émerveillait avec nous. Nous avons pris des échantillons de poussière cosmique et de gaz de nébuleuses, des échantillons de vide spatial. Nous avons pris des photos et des vidéos, enregistré le bruit cosmique, le son de l’espace, et lorsque, près de 2 mois après notre départ nous n’avions plus de place ni dans les mémoires de nos ordinateurs, ni dans les soutes, nous décidâmes de rentrer.
7) Pendant qu’Ed et moi-même jetons un dernier regard sur ce monde, équipage manœuvre le vaisseau pour retourner dans notre monde. L’étrangeté de ce monde m’est devenue familière et, me préparant à le quitter, je m’attriste. Dvarok, de la salle de contrôle, expulse dans l’espace une plaque d’acier avec nos noms ; l’Humanité aura marqué ce monde. On nous avertis que le retour s’enclenchera dans une poignée de secondes. Bientôt, l’étrange onde passe au travers du vaisseau, et les couleurs redeviennent ce qu’elles étaient, la gauche retourne à gauche, les droites ne sont plus courbes et ce qui se croise se touche… Derrière nous une lumière vive s’estompe, on est de retour. Malgré le fait qu’elle m’éblouit, je fixe la lumière. Elle brille comme une étoile qui vient de naitre… l’étoile nouvelle… Nova Stella…
Complément d'informations:
[1] Math et vérité fondamentale Pas mal de personnes, souvent des gens qui n’aiment pas les math, aiment à dire que les math sont des objets qui ne sont corrects que par leur définition. En 1931, Kurt Göedel, un mathématicien et logicien, démontrera dans son « Théorème d’incomplétude » que les mathématiques sont basées sur des axiomes non démontrables, mais également qu’il est impossible de démontrer que (1) ces axiomes sont faux (2) que les mathématique qui en découlent sont fausses. Il existe à l’heure actuelle des dizaines de systèmes mathématiques dans lesquels ont défini de manière différente les opérations de somme et de produit, et pour lesquelles 2+2=5 est correct (en plaise à George Orwell…^^ ). Ainsi, on peut avoir l’impression que les math ne sont PAS une vérité fondamentale… ? Bah si. Malgré le fait qu’il existe des hypothèses initiales qui impliquent des mathématiques fort différentes, on retrouvera toujours des caractéristiques communes. Par exemple, il y a des nombres (ce n’est pas tout à fait trivial…), un produit, une somme. Ainsi, les mathématiques ne sont pas un système particulier, les nombres réels que l’on voit tous les jours, ou les nombres complexes que l’on peut utiliser de manière réelle dans l’ingénierie, mais plutôt l’étude des règle générales de ces systèmes ; donc les mathématiques sont fondamentalement vraies, quelques soient les axiomes initiaux.
[2] La matière est composée de 12 particules fondamentales Comme la chimie qui possède le tableau de Mendeleïev, la physique possède un tableau qui comporte 12 éléments qui sont, selon la théorie actuelle (qui est crédible et solide, et qui est très bien vérifiée expérimentalement), sont à la base de la matière. Ils n’ont pas encore tous été découverts expérimentalement (le dernier en date est le boson de Brout-Englert-Higgs, AKA boson de Higgs (mais qui devrait être appelé boson de Brout-Englert-Higgs-Hagen-Guralnik-Kibble, bref)). On les sépare en trois catégories qui sont les Leptons (dont l’électron fait partie) qui ne sont pas sensible à l’attraction nucléaire, les Quarks (dont les quarks up et down qui composent les protons et les neutrons) qui sont les constituants de la « matière massive » (je veux dire par là que ce sont eux qui représentent la plus grande partie de la masse de l’univers) et les bosons de jauge (par exemple les photons) qui transmettent les interactions fondamentales.
[3] Il existe 4 forces distinctes dans la nature. On pense qu’il n’existe que 4 forces dans la nature. Ces dernières sont la force nucléaire forte (qui maintient en place les noyaux des atomes), la force nucléaire faible (les radiations), la force électromagnétique (qui maintient les atomes ensembles, c’est celle que l’on expérimente chaque jour en étant capable de toucher) et la force gravitationnelle.
Note sur les personnages:
Ed n'est autre qu'Eddy Mallou.
Dvarok, lui, est l'anagramme peu imaginatif de Dvorak, le compositeur de "Du Nouveau Monde", une jolie musique adaptée au thème de l'histoire...
DAT EPICNESS!! IT'S SO... WHOAW!
Voilà, c'est tout, "Harmonice Mundi" est terminé! Moi qui d'habitude écrit des poèmes, je ne suis pas habitué a écrire un truc aussi long ^^
J'espère que ça vous aura plus en tout cas, et n'hésitez pas à critiquer .
------------------------------------------------------------------------------------------------ - Moi, j'ai dit bizarre, bizarre, comme c'est étrange ! Pourquoi aurais je dit bizarre, bizarre ? - Je vous assure mon cher cousin, que vous avez dit bizarre, bizarre. - Moi, j'ai dit bizarre, comme c'est bizarre ! "Drôle de Drame" de Marcel Carné.
Je suis l'Alpha et l'Oméga Le Premier et le Dernier Le commencement et la Fin.