Vous vous posez sûrement la question, vu que cette expression sort tout droit de ma caboche: Baroquer son texte, c'est lui donner un aspect particulier en usant de tournures et/ou de constructions agrammaticales. Cela peut donner l'aspect que le texte est traduit d'une langue hors de notre univers, ou qu'il suit un courant qui n'a jamais existé sur notre planète. C'est une des méthodes utilisées en post-exotisme, courant auto-créé par Antoine Volodine, auteur que je vous recommande pour ses très bonnes idées quand à la rénovation de la littérature et du style.
La méthode n'a rien de difficile. La plus simple conciste à traduire littéralement la syntaxe employé par une autre langue. Par exemple, en français, on dit "faire du théâtre". En arabe, par exemple, on dit "Théâtrer". Comme ce mot a de fortes chances d'être considéré comme trop distant, pensez à l'adapter un minimum : "faire théâtre" est plus convenable (le verbe "faire" est un bon joker). Le principe est de créer un décalage dans la syntaxe, la création de mots est nettement plus rare. J'aurai bien évidemment pu garder "théâtrer", de même que pour "baroquer" pour le titre de ce sujet, mais quelque chose me gêne dans cette forme...
Il est toujours possible de créer des noms, mais on opte alors pour des mots au sens transparent : "surfemme" comme féminin de "surhomme". Pensez à des mots courts et à la construction sémantique logique (pas de "regardàl'énergiepositiveetentraînante", mais plutôt "vifregard"). Vous pouvez toujours utiliser le trait d'union (vif-regard me semble plus joli). Si vous recherchez vraiment des formes naturelles, pensez à fouiller dans les autres langues.
Attention cependant: un passage baroqué ne se met pas n'importe où. Il peut caractériser la façon de s'exprimer d'un personnage, ou la voix narrative. Mais gare à en abuser, ce qui devient bien trop lourd.
Vous pouvez utiliser des prépositions là où elles n'ont pas lieu d'être ou les retirer. Par exemple: "marcher sur place" peut devenir "marcher en place", "chanter faux", "chanter à faux". Le sens peut dériver, voir devenir simple proie du contexte, il n'y a pas à s'en effrayer.
Enfin, vous pouvez changer l'intransitivité (ça se dit?) des verbes ou supprimer les déterminants là où l'on a l'habitude de les mettre: "cheminer les rêves", "crier joie".
Il y a plein d'autres méthodes, comme inventer des expressions ("serrer le pied à un singe" pour "se faire duper"), utiliser des images ("crier à feu", par exemple).
Ce sera tout pour ces petits conseils! J'espère qu'ils vous auront ouvert l'esprit linguistique. Notre langue est bien moins figée que peuvent le stipuler les règles de grammaire, rappellez vous, il y a la norme, mais il y a aussi ce que vous faites, votre créativité, et la liberté que vous prenez avec le langage. Et qui sait les contourner les règles avec grâce peut voir son saut salué voir même admiré.
NB: Attention à ne pas utiliser ces formes dans des examens ou documents officiels. On attend de l'artiste qu'il ne brise les règles qu'après les avoir maîtrisées, et tant que vous n'êtes pas parvenu à montrer que vous maîtrisez l'écriture, ces notes de style ont de fortes chances d'être considérées comme des fautes de grammaire ou de lexique.
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Un Homme debout se voit de loin.
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