Cette histoire se déroule à une époque où le feu, le fer et le sang faisaient vaciller deux idéologies distinctes. La guerre faisait rage et l'avidité des curieux grandissait au fil du temps. D'un coté il y avait les Radixistes : ils étaient pour la conservation des valeurs et principes de l’Église d'origine. Ils défendaient donc le seul élément présent au commencement, la Terre. Tandis que les Fulguristes furent les premiers à discuter des vraies valeurs du Radixisme, ils se posaient des questions et, une femme parmi eux, instaura l'élément de la foudre ; on la nommait Clarisse.
« Capitaine, capitaine ! »
Galdric était assoupi dans sa tente lorsque les cris le réveillèrent. Immédiatement il mit ses bottes et enfila sa tunique. Tout en chancelant il ramassa sa dague qu'il rangea à sa ceinture.
Il sortait de la tente :
« - J'espère que vous avez un bon prétexte pour me déranger à une heure pareille.
- Veuillez m'excuser mon capitaine. C'est assez urgent. Les hérétiques se rapprochent dangereusement de la forteresse de Castra.
- Hier soir ils n'étaient même pas sur la Mer Perdue. D'où sortez vous ces informations ?
- Un pont, un pont excellence ! Il a été construit pendant la nuit pour relier Ordea et Lumos. Ce matin la tour de garde avait déjà brûlé. Les Fulguristes avancent droit vers la capitale.
- Dans ce cas nous n'aurons qu'à exécuter le plan plus tôt que prévu.
- Le plan ? Pardonnez moi, je ne saisis pas.
- Eh bien, l’île d'Harpax n'a pas été prise, elle.
- En effet excellence. Les hérétiques n'ont même pas tenté de s'y attaquer.
- Alors envoyez un oiseau avec ce billet. » Galdric lui tendit un papier sur lequel il y avait noté :
Soldats, l'heure est grave. Il va falloir faire vite. Rendez vous sur Ordea et brûlez tout. Tuez tous les infidèles : femmes, enfants...tous ! Il faut mettre un terme à cette comédie une bonne fois pour toute. Une fois que ce sera fait, prenez la forteresse de Lumos et retournez sur l’île. Le seigneur compte sur vous.
Effectivement, les instructions étaient simples et laconiques. Les soldats Radixistes allaient prendre les Fulguristes par le flanc. C'était gagné d'avance.
***
A quelques lieux d'ici, la grande marche des Fulguristes arrivait à son apogée. Le visage de Clarisse arborait un sourire jovial. Pendant toutes ces années elle s'était battue becs et ongles pour pouvoir instaurer et partager ses croyances. Elle savait que la fin approchait, elle se sentait prête. La vieille femme et ses troupes atteignaient le point culminant de la montagne. Quand ils arrivèrent en haut, ils eurent droit à un spectacle fascinant. Castra, l'intimidante capitale, était face à eux. Clarisse savait la cité bien gardée et dite impénétrable, cependant elle fut surprise de constater avec effroi qu'un dôme la protégeait.
Certains soldats se mirent à grommeler voire paniquer.
L'un d'eux lança :
« - Eh, vous voulez nous envoyer au casse pipe ou bien ?
- L'autre bougre a raison, approuvait un second soldat.
- Je ne vous oblige à rien, vous pouvez partir. Vous pouvez tous partir mais moi je reste, je dois finir ce que j'ai commencé. Je n'ai pas fait tout ce voyage en vain. On y est presque ! Il est impossible pour moi de m'avouer vaincue et d'abandonner maintenant ; le Fulgurisme c'est le fruit de toute ma vie ! Je ne peux vous en vouloir, mais sachez qu'il n'y a qu'ensemble que nous pourrons accomplir notre destinée. Alors, qui est avec moi ?! »
La vieille femme se fit applaudir et acclamer pour ces belles paroles. Ce jour là, elle était plus confiante que jamais. Hélas, l'espoir n'allait pas perdurer...
***
Une poignée de jours s'écoula après cet événement. De part et d'autre on se fut préparé du mieux possible. Les deux meneurs avaient conscience que cette bataille allait marquer un tournant dans l'Histoire. D'un coté Galdric serrait des dents en attendant ses adversaires, son plan avait parfaitement été mis à exécution. Il était à quelques heures d'une victoire écrasante. Tandis que de l'autre coté, Clarisse redoutait un cuisant échec.
Une fois arrivée devant la forteresse elle mis en position les quelques soldats et mercenaires restants de cette rude campagne militaire. Il ne fallut pas patienter longtemps pour s'apercevoir que des archers étaient placés à chaque créneau. Soudain on entendit le hurlement autoritaire du capitaine qui donnait l'ordre aux archers de donner l'assaut. Une pluie de flèches enflammées tomba sur les troupes de la vieille femme. La plupart des soldats portaient un bouclier en bois qui brûla, certains furent consumés par les flèches ardentes. En l'espace d'un instant la dirigeante avait perdu la moitié de ses hommes. Alors elle ordonna aux balistes de maintenir un tir de couverture suffisamment longtemps pour qu'elle puisse donner l'assaut avec ses camarades.
De l'autre coté du mur, Galdric ouvrit presque avec plaisir la grand-porte. Les assaillants se firent écharper par les cavaliers de ce dernier. Puis un subordonné de Clarisse se lança sur le capitaine en lâchant un cri strident. Il avait une hachette dans chaque main, il en envoya une sur un cavalier et se jeta sur Galdric avec l'autre. Le seigneur Castéen esquiva un premier coup, puis empoigna une épée longue à coté du cadavre d'un de ses chevaliers. Il trancha littéralement le bras de l'attaquant. Soudain un boulet percuta un cheval proche qui s'écroula immédiatement sur le capitaine. Il venait d'être immobilisé. Il observa aux alentours et il vit de la fumée, du feu...les sons sifflaient dans ses oreilles. Désespéré, il beugla :
« A l'aide ! »
La fumée se dissipait petit à petit. Il aperçu une silhouette qui en émergeait. Il la reconnu instantanément, comme s'il avait redouté ce moment toute sa vie : c'était Clarisse. La vieille femme s’accroupit près de lui et le regarda droit dans les yeux, elle effleurait la terre encore chaude avec ses doigts.
« - Ah, qui aurait pu imaginer cela auparavant ? Vous le grand capitaine Galdric, agenouillé face à moi, quelle situation incroyable ; pas vrai ?
- Vous perdez votre temps, je n'ai peur de rien. Je suis un soldat ! Rétorqua-t-il.
- Oh je sais bien tout cela, soupira-t-elle. Mais j'ai pensé que pour une fois, vous seriez moins têtu.
- Mes hommes ont capturé votre peuplement tout entier. Vous avez perdu, rendez vous à l'évidence.
- Vous savez très bien que le Fulgurisme est désormais encré dans les têtes. Si je perds aujourd'hui, d'autres se vengeront. Autant arrêter les frais tout de suite, vous en avez le pouvoir !
- Vous avez raison, après tout. Dieu est le territoire de tous, n'est-ce pas ? »
C'est ainsi que pour la toute première fois de l'Histoire, un autre culte que le Radixisme fut accepté dans la communauté Castéenne. Pourtant ce n'était que le début d'une longue postérité...