Yggdarsil Roi des Koalas
Messages : 506 Date d'inscription : 25/10/2012 Localisation : Dans le doute. Ou l'ignorance. Surement l'un des deux. Humeur : Pourvu que ça dure !
| Sujet: La bête immonde Lun 30 Avr 2018 - 23:12 | |
| Je faisais dériver mes chausses enchaînées Sur les pavés humides des dernières heures Quand je vis tout à coup surgir un veau damné ! Un remous de tonnerre parcourut mon cœur.
C'était un monstre hideux, tristement épargné Qui marchait vivement sans la moindre frayeur. Il croisait les passants d'un galop d'araignée Tandis qu'eux, galamment, ignoraient son ardeur.
Je crus halluciner, mais la bise effrénée Qui ramenait à lui le glas de son odeur – Elle avait la lourdeur d'une rose fanée Rendit de plus en plus sa constance meilleure.
Quel était ce bestiau ? Le monde le voyait, En caressait la vue l'air de dire « Un des leurs... » Comment se pouvait-il qu'il fusse familier Quand à ma peau pelée affleurait la sueur ?
Le taureau bicéphale, noir, enveloppé Alliait à sa démarche un sourire vengeur Et tirait de son flanc un tentacule happé Par la chair avariée de son frère en malheur.
On eut dit un amas de chair empaillée Mis sur un automate à machine à vapeur Qui gardait dans son ventre bouillant de maillets Les émanations fades de son dérailleur.
M'approchant au plus près du miracle, écoeuré, Je remarquai soudain ce qui chassait la peur De l'esprit des passants, qui pouvaient tolérer Ce qui à mon regard incarnait la laideur :
La première tête était tout empâtée Mâchant des beuglements dont ruisselaient des fleurs Tendues à la deuxième –donnant la têtée Qui avait tous les traits de l'élu de mon cœur.
- Spoiler:
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Il s'agit du premier jet. merci pour toute critique. L'adjectif "tristement" me déplaît, l'initial était "cruellement", mais il fallait prononcer le "crue" comme une diphtongue et ça me paraissait artificiel. Le "Je cru halluciner" me paraît aussi terriblement surfait, on dirait un gamin qui prétend faire du vieux français. Je n'arrive pas à le remplacer, ceci dit. Vous aurez remarqué qu'il y a quelques divisions du mètre qui sont inconcistantes, je manque d'entraînement là-dessus, ça me paraît pardonable, dans l'esprit du poème, mais aussi maladroit. Pas de commentaire pour le "rendit de plus en plus sa constance meilleure". Je n'ai pas trouvé mieux, je m'atelle là-desus. Je me demande si "un automate à machine à vapeur" peut être remplacé par une expression sans répétition. "Emballant un vieil automate à vapeur" ?
Je me permes aussi de rendre à César ce qui lui appartient, en l'occurence, mon inspiration à l'esprit de Baudelaire et ses Fleurs du mal.
Ps : Je vais bien, vous inquiétez pas x)
- texte avant correction par Titi:
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Je faisais dériver mes chausses enchaînées Sur les pavés humides des dernières heures Quand je vis tout à coup surgir un veau damné ! Un remou de tonerre parcouru mon cœur.
C'était un monstre hideux, tristement épargné Qui marchait vivement sans la moindre frayeur. Il croisait les passants d'un galop d'araignée Tandis qu'eux, galamment, ignoraient son ardeur.
Je cru halluciner, mais la bise éffrénée Qui ramenait de lui le glas de son odeur – Elle avait la lourdeur d'une rose fanée Rendit de plus en plus sa constance meilleure.
Quel était ce bestiau ? Le monde le voyait, En caressait la vue l'air de dire « Un des leurs... » Comment se pouvait-il qu'il fusse familier Quand à ma peau pelée affleurait la sueur ?
Le taureau bicéphale, noir, enveloppé Alliait à sa démarche un sourire vengeur Et tirait de son flanc un tentacule happé Par la chair avariée de son frère en malheur.
On eu dit un amas de chaires empaillées Mis sur un automate à machine à vapeur Qui gardait dans son ventre bouillant de maillets Les émanations fades de son dérailleur.
M'approchant au plus près du miracle, écoeuré, Je remarquai soudain ce qui chassait la peur De l'esprit des passants, qui pouvaient tolérer Ce qui à mon regard incarnait la laideur :
La première tête était toute empâtée Mâchant des beuglements dont ruisselait des fleurs Tendues à la deuxième –donnant la têtée Qui avait tous les traits de l'élu de mon cœur.
------------------------------------------------------------------------------------------------ Il est des gens qui sont là. Comme ça. En vrai. Et d'autres dont la présence est un mensonge. Une illusion. Efficace, quand elle trompe tout le monde. Ridicule, quand elle ne trompe que son porteur. -Lyonel Trouillot, KannjawouProverbe Nocturnien : Wû Horör, wees qsüj gnü ubo wik s'wee kleesee kvieiir wâ krefüzâ d'wi kraork... orgie de .-. .-- .-- .-- .-.-.- .---- ----- --.- ....- ---.. .-.-.- ..- -. -... .-.. --- --. .-.-.- ..-. .-. #TextedeYgg
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Ragne
Messages : 666 Date d'inscription : 02/04/2017
| Sujet: Re: La bête immonde Lun 7 Mai 2018 - 17:03 | |
| Tu le sais, j'ai toujours aimé ta poésie, celle là ne change rien à l'habitude, je suis charmé par tes mots et images qui suppose un monde nouveau, différent, mais foncièrement intriqué dans la réalité, comme un prisme à avoir pour soudain comprendre et voir au delà. J'ai particulièrement apprécié l'image du galop d'araignée qui en quelque mots dresse un portrait lugubre et grotesque, c'est brillant.
En ce qui concerne tes interrogations, quelques suggestions : C'était un monstre hideux, tristement épargné => sombrement / méchamment Je cru halluciner, mais la bise éffrénée => un "j'ai cru halluciné" rendrais la chose plus naturel, sinon un "croyant" permet aussi de rendre ça plus évident, mais c'est compliqué de démarrer une strophe par un participe présent. Sinon je partirais sur quelque chose comme "De stupeur en émoi sous la brise éffrénée", qui pourrait te convenir et qui montre bien l'étrange chamboulement de l'âme de ton personnage
En ce qui concerne le mètre, j'ai pour ma part renoncer à le comprendre donc je ne te serais d'aucune utilité là dessus, et j'aime tel qu'il est ton vers sur l'automate.
Pour le reste, j'ai aimé. Ce n'est pas ton plus grand textes, mais il est perforée de fulgurances splendides et d'images magnifiques, il touche au coeur de l'âme et nous déplace dans un autre monde, à une autre époque. Je le trouve très bon.
Féliciation Et câlin tout de même, même si tu affirmes aller bien | |
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