Le texte ci-dessous a participé à la Chasse aux oeufs nocturnienne sur le thème de Pâques (les œufs, les cloches, les lapins), organisée par @Titi. Il fallait deviner les auteurs des textes.
Ce qui m'a inspiré, c'est l'idée de ressusciter, renaître, revivre. Je copie le texte légèrement modifié dans ce sujet pour lui donner une meilleure visibilité.
Il est aussi copié sur mon site : Revivre (bon confort de lecture, noir sur blanc).
Bonne lecture !
R E V I V R E
Pfff, clic, blup, clic... Des bruits... Des voix. Qu'est-ce que c'est ? Oooooh ! Mais qu'est-ce que je fais ici moi ?
- Monsieur, vous m'entendez ? - Mmmh... Où suis-je ?
Des blouses blanches...
- Tout va bien. Ne vous inquiétez pas. Est-ce que vous avez mal quelque part ? - Non... Je ne crois pas. Mais je me sens bizarre. Ça tourne. - C'est normal, monsieur. Ça va aller. Vous vous souvenez de quelque chose ? - Heu... Non. Qu'est-ce qui s'est passé ? - Maintenant vous êtes revenu. Tout va bien.
Comment suis-je arrivé ici ? Je n'y comprends rien. Je suis couché sur le dos. Le plafond est blanc. Je suis dans un hôpital apparemment. Il y a des médecins et des infirmiers qui sont occupés autour de moi. Est-ce que je suis malade ?
- Monsieur, vous pouvez peut-être me dire en quelle année on est ? - Heu... En 2019, c'est bien ça ?
Elle consulte sa fiche. Est-ce que c'est une infirmière ? Ou une femme médecin ? À présent, elle me regarde attentivement, de ses grands yeux. En tous cas, elle a un beau visage, clair, sincère.
Je sens un peu de fraîcheur partout. J'espère que je ne suis pas nu. Je ne peux même pas relever la tête pour vérifier. Il faut que... Mais... ils m'ont attaché ! Je ne parviens pas à bouger. Mes mains sont liées ! Et mes pieds aussi !
- Monsieur, calmez-vous. Il n'y a rien à craindre.
Je ne peux pas tourner la tête, juste ouvrir et fermer les yeux. Mais elle me parle d'une voix douce. C'est plutôt rassurant.
- Voilà, détendez-vous. Et quel est votre nom ? ... Comment vous appelez-vous ? - Heu... Je... - Ce n'est pas grave. Vous êtes encore un peu désorienté. Tout va bien. Pour le moment, vous avez besoin de sommeil. Nous vous donnerons des explications plus tard. Mais d'abord il faut vous reposer. Vous pouvez dormir en toute sécurité. Voilà, fermez les yeux. Doucement...
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Je suis toujours allongé et toujours paralysé. C'est affreux. Je ne comprends pas.
- Pourquoi m'avez-vous attaché ? Je veux pouvoir bouger. - Vous n'êtes pas attaché, monsieur. C'est le substrat qui vous empêche de remuer. C'est normal. - Est-ce que je suis blessé ou malade ? Quel substrat ? Qu'est-ce que je fais ici à la fin ?
La jolie praticienne essaie de m'apaiser.
- Ne vous inquiétez pas. Vous êtes en bonne santé. Vous êtes plongé dans une gelée nutritive. Seul votre visage émerge. C'est un substrat gélatineux très équilibré qui a pris soin de vous. Votre corps s'est développé petit à petit grâce à cette substance spéciale. - Et mes vêtements ? - Vous n'en avez pas besoin. À travers la gelée transparente, nous avons surveillé votre croissance, contrôlé le processus, et vérifié l'absence de malformation.
Elle m'inspecte de la tête aux pieds. Je crois détecter un demi-sourire malicieux dans son regard.
- Rassurez-vous, tout va bien. Vous avez un corps jeune et vigoureux. Ça fait partie des critères stricts de sélection.
De quoi me parle-t-elle ? Ses explications m'embrouillent.
- Comment ? Vous voulez dire que je suis né ici ? Mais ce n'est pas possible. Je n'ai pas pu grandir ici. - Non, vous avez raison. Vous n'êtes pas repassé par tous les stades : bébé, enfant, adolescent. Votre croissance a été accélérée. Vous avez repris votre forme adulte en 3 semaines environ. Votre corps s'est déployé plutôt comme un végétal qui pousse. Maintenant, vous avez retrouvé votre apparence de 2022, exactement identique. Et quand le corps arrive à son état complet, la conscience se réveille, c'est naturel.
Elle fait un signe à ses collègues.
- Nous allons vous sortir de la gelée nutritive. Vous allez rester ici quelques jours pour un check-up complet. Et notre équipe va vous aider à retrouver toutes vos capacités. Elle va aussi vous rafraîchir la mémoire en douceur.
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Les infirmiers ou les assistants en blouses blanches s'affairent autour de moi. Je suppose qu'ils enlèvent la gelée. Tout est tellement étrange.
- Attendez. Quel est cet hôpital ? On n'est plus en 2022 ? Pourquoi mon corps s'est-il développé ici comme une plante ? - Essayez de vous souvenir. Vous étiez candidat... - Candidat à quoi ? - Vous étiez volontaire pour participer au programme Trans-Vie. Ça ne vous dit rien ? - Trans-Vie... ? Non, rien. - Ce n'est pas grave. Quel est votre métier ?
Les assistants ont dégagé ma tête. Je peux mieux les observer. Ils continuent à retirer délicatement la gelée gluante autour de dizaines de capteurs qui restent collés sur ma peau. Ils conservent le précieux substrat dans de grands récipients.
Mon métier ? Quelques images fugitives de mon passé me traversent l'esprit.
- Je crois que j'aime bien les machines, la mécanique. Les ordinateurs et les calculs aussi. C'est assez flou. J'étais une sorte de technicien, non ?
La femme aux grands yeux feuillette les fiches de mon dossier. Son sourire est charmant.
- Bravo ! Oui, vous êtes un ingénieur. Vos connaissances et votre savoir-faire sont très utiles pour la Mission. - Mais quelle mission ? Et en quelle année sommes-nous ? Où est ma famille ? - S'il vous plaît, monsieur, restez calme. Il vaut mieux laisser votre mémoire refaire surface progressivement. Vous pouvez essayer de vous mettre debout maintenant. Nous allons vous soutenir.
Ils me redressent délicatement. Une sorte de harnais sous les bras m'empêche de vaciller. J'ai la tête qui tourne, les jambes qui flageolent. Le vertige. Ils continuent de racler la gelée collante sur mon dos.
- Vous étiez presque sans famille. Vous vous souvenez de votre mère ? Elle est décédée un peu avant votre compression. Vous étiez donc libre de toute attache. Et c'est sans doute pour ça que vous vous êtes porté volontaire. - Ma quoi ? Ma compression ? - Oui, on appelle ça une compression ou une condensation. C'est un procédé presque naturel qui consiste à faire...
Elle hésite un peu.
- Hem... à faire mourir quelqu'un de manière contrôlée. Je vous passe les détails techniques, mais au moment où l'individu cesse de vivre, on recueille toutes ses informations, et on obtient une graine de vie. - Une graine ?! - Oui, une sorte de graine, de la taille d'une noisette. Un condensé biologique d'un être humain entier. - L'ADN ? - Oui, mais pas seulement les informations génétiques. Aussi toute l'histoire personnelle et tous les paramètres psychiques. En somme, toutes vos données étaient contenues dans votre graine.
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Ils ont récupéré le plus possible de gelée. Je reste dans mon harnais, mais le vertige a disparu. Je me sens plus stable sur mes pieds. Les capteurs sans fil, disséminés sur ma peau, m'habillent un peu. Trop peu à mon goût. Je ne l'avais pas remarquée, mais il y a une douche au plafond. Les assistants et les infirmières me lavent méticuleusement.
- Donc d'après vous, je suis mort et j'ai été comprimé en une petite graine ? C'est pour ça qu'ensuite mon corps a poussé ici ? Mais pourquoi ? - Parce que vous êtes un aventurier, un explorateur, un pionnier. Vous rêviez de partir à la découverte du futur. Est-ce que vous l'avez vraiment oublié ?
Je n'ai plus besoin du harnais. Ma toilette terminée, je reçois enfin des vêtements, une sorte de pyjama. Les assistants m'aident à l'enfiler.
- Je ne sais pas... Mais à quoi tout ça peut-il servir ? Pourquoi vouloir mourir pour ressusciter maintenant ? D'ailleurs, vous ne m'avez toujours pas répondu. Je voudrais bien savoir en quelle année on est. - Écoutez, ne soyez pas trop surpris par ce que je vais vous révéler. En réalité, beaucoup de temps a passé. Nous sommes en 2225.
Elle se lève.
- Bon, vous avez encaissé bien assez de nouvelles perturbantes pour aujourd'hui. Il faut vous reposer. Nous allons vous accompagner jusqu'à votre chambre.
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Des vibrations. Une secousse... Encore une secousse plus puissante.
- Que se passe-t-il ? Un tremblement de terre ?
Ma protectrice au doux regard apparaît sur l'écran du visiophone.
- Non, ne craignez rien, monsieur, ce n'est pas un séisme. Attendez, je vous rejoins.
Elle entre et s'approche de ma couchette.
- Ça arrive parfois. J'espère que vous avez bien dormi malgré cet incident. Comment vous sentez-vous ? - Ça va bien, merci. D'où viennent ces secousses et ces vibrations ? On dirait que la terre tremble. - Non, la terre, c'est impossible. Il y a des chocs quand notre bouclier magnétique écarte de petits obstacles. Apparemment, nous traversons une région plus dense en ce moment. Mais vous connaissez ça mieux que moi puisque vous êtes un ingénieur.
Soudain, un flash d'une myriade de souvenirs me percute.
- Edena ! Mais oui ! Nous sommes dans le vaisseau ! Et nous nous dirigeons vers Edena ! - Aaah, très bien. Votre mémoire est en train de se dévoiler. Bienvenue à bord.
Les pièces du puzzle s'assemblent de manière plus cohérente.
- Mais oui ! La Mission ! Le vaisseau Nautilus en route vers la planète Edena. La propulsion par antigravité. Les raccourcis de l'espace-temps. Je me souviens maintenant. - Bravo ! - Et le programme Trans-Vie ! Bien sûr, les longues expéditions ne sont réalisables que grâce à ce procédé innovant. Les graines de vie ne sont jamais périmées. Bien sûr ! - Exactement. Pendant toute la durée du trajet, nos vies sont restées en stand-by.
C'est exaltant ! C'est beau l'aventure de la conquête spatiale !
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- Alors ? Ça a fonctionné ? La renaissance a réussi pour tout le monde ? - Non, malheureusement... - Oh ?! - Nous déplorons quatre échecs survenus lors des premiers retours. Vous le savez, la première vague est obligatoirement automatisée. Elle comporte donc plus de risques. Mais le plus tragique est arrivé pendant la deuxième vague.
C'était trop beau. Le rêve tourne au cauchemar.
- Un virus a provoqué une sorte d'épidémie. Il a contrecarré l'éclosion des graines de presque la moitié des membres d'équipage. Et parmi les absents, il y a le capitaine de vaisseau. - Ce qui menace gravement notre Mission. Mais comment... ? - Si la graine ne germe pas ou si elle se développe de travers, c'est perdu, il n'y a pas de seconde chance. Alors nos chercheurs ont travaillé sans relâche et ils ont trouvé un remède. Grâce à eux, la troisième vague de réveils collectifs est en cours et elle se déroule bien.
À sa demande, nous nous déplaçons jusqu'à une petite salle remplie d'appareils. Elle inspecte des graphiques sur ses écrans. Probablement les courbes des mesures émises par mes capteurs. Brusquement, un choc violent nous déstabilise. Cette fois, il y a de l'inquiétude dans ses grands yeux. Elle s'exclame :
- Encore une secousse ! - Il y en a souvent ? - Non, c'est plutôt rare, mais il y en a de plus en plus. Celle-ci était particulièrement forte. Vous pensez qu'il y a un danger ? - Je ne sais pas. Le vaisseau est solide et son bouclier magnétique est puissant. Mais c'est bizarre, en principe, notre route devrait éviter les zones périlleuses quand même. - Oui. Mais l'équipage est en partie décimé et il manque un capitaine de vaisseau. - De toute façon, la navigation est certainement assurée à 99 pour cent par le pilotage automatique. - Ok, mais alors comment expliquer ces vibrations et ces chocs répétés ?
Comme pour renforcer ses doutes, les tremblements reprennent de plus belle sous nos pieds.
- Vous avez raison. Il faut faire quelque chose ! Je vais tout de suite aller voir comment on exerce la navigation dans ce vaisseau. - Hé, mais vous êtes encore en observation ! - Alors, allons-y ensemble. Vous pourrez veiller sur ma santé. Vite, courons au poste de pilotage.
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Nous nous dépêchons à travers les couloirs jusqu'à la salle de navigation. Là, au milieu d'écrans clignotants, quelques membres d'équipage s'activent frénétiquement. Ils manipulent avec fièvre les boutons et les manettes de grands tableaux de commande. Ils semblent dépassés.
Sans trop les déranger, nous essayons de comprendre la situation.
- Le pilotage automatique a subi une défaillance. Il a conduit le vaisseau vers une région de l'espace trop dense. Nous nous efforçons de rectifier la trajectoire. Mais il nous reste très peu de temps avant de percuter cette ceinture stellaire qui nous barre l'horizon.
En effet, les écrans des radars montrent une immense barrière d'étoiles qui semble foncer vers nous.
Les postes vacants ne manquent pas dans la salle. Ma protectrice et moi prenons place et nous nous mettons immédiatement au travail. J'effectue une série de calculs complexes. Elle se renseigne auprès des collègues et me rapporte des informations utiles. De temps en temps, une secousse vient nous rappeler l'urgence de notre sort.
Nous réfléchissons ensemble.
- Notre vaisseau se déplace à une telle vitesse que la ceinture stellaire géante est comme un mur d'étoiles infranchissable. - C'est une ceinture. Alors qu'y a-t-il à l'intérieur ? - Au centre de la ceinture, il y a un autre piège mortel. Il y a un énorme trou noir.
Ce titan supermassif avale goulûment tout ce qui passe à sa portée.
- Mais pour éviter le mur, il n'y a qu'une seule issue, il faut traverser le trou noir. Si notre vaisseau tombe dedans, ne pourra-t-il vraiment pas s'en échapper ensuite ? - Non, aucune chance. Rien ne peut résister à l'attraction monstrueuse du trou noir. C'est un ogre.
Soudain, à nouveau, le bouclier encaisse quelques coups et nous sommes durement bousculés. Le mur se rapproche dangereusement.
Il faut oser ! N'importe quoi !
- Alors nous n'avons pas le choix. Nous devons nous faufiler entre les deux ! Entre la ceinture stellaire et le trou noir. - Entre les deux ?! Mais c'est de la folie !
Elle me regarde fixement, avec une détermination charmante.
- Oui certainement.
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Avec le plus grand empressement, nous exposons notre idée délirante à nos collègues. Nous devons unir nos efforts et tenter notre dernière chance. Immédiatement, chacun se précipite à la tâche.
On calcule. On compte. On mesure. On résout. On décide. Il reste très peu de temps. Le vaisseau progresse par saccades.
Dix. On dessine. On trace. On encode. On corrige. On redresse. Il cahote agité de soubresauts.
Neuf. On souffle. On soupire. On peine. On transpire. On souffre. Il agonise. Il râle.
Huit. Nous sommes secoués, ballottés, bringuebalés. Et finalement, ça y est ! Le vaisseau amorce un virage serré. S'approchant de la frontière du trou noir, il oscille d'un côté puis de l'autre.
Sept. Visant la limite entre le désastre et l'abîme.
Six. Le point entre le cataclysme et l'anéantissement.
Cinq. Sur le fil du rasoir il hésite.
Quatre. À gauche, les étoiles se jettent droit sur nous.
Trois. À droite, le trou noir ouvre sa gueule gigantesque.
Deux. À gauche, l'espace se densifie jusqu'à devenir opaque.
Un. À droite, le trou noir nous engloutit.
Zéro. - Aaaaaaaaah !
Et ça passe miraculeusement !
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- Ouf ! Sauvés ! Pfiouuu ! Incroyable ! Nous avons réussi ! C'est formidable !
On saute de joie. On s'embrasse. On se félicite à grands cris.
- Vivants ! Nous sommes vivants !
Je saisis les mains de ma nouvelle amie. L'espoir, le courage, la peur, le soulagement, la joie... Les émotions extrêmes que nous avons partagées nous ont rendus plus proches l'un de l'autre. Nous restons un long moment les yeux dans les yeux.
- Nous formons une bonne équipe tous les deux. - Oh oui, restons ensemble. - D'accord, du fond du coeur.
Finalement, le trou noir a servi de tremplin à notre vaisseau. Nous continuons notre route en empruntant par-ci par-là des trous de ver et d'autres raccourcis de l'espace-temps.
Bientôt, le moment viendra de se poser sur Edena. Et c'est là que commencera la véritable aventure. Notre cargaison de graines de vie tiendra sûrement ses promesses...
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Pour Nautilus, merci à Jules Verne dans le roman Vingt mille lieues sous les mers. Pour Edena, merci à Moebius dans la bande dessinée Le Monde d'Edena. Concernant les trous noirs, la cosmologie, etc, merci notamment à Aurélien Barrau.
Salut à toutes et à tous, pendant que le projet Shadows avance doucement, un autre projet est en cours. Il s'agit d'un recueil de nouvelles sur des "héros" développés ou pas du tout dans Genèse, mais bien présents. Certains ont donc eu un rôle important dans l'histoire principale. Vous n'avez pas forcément besoin d'avoir lu Genèse du Combat pour comprendre. J'espère que ce format vous plaira et que les différents récits et thématiques développés vous intéresseront. D'avance, merci de me suivre.
Jeudi 03 mars 2020, sept heures : je sors de mon lit comme tous les matins d’école. Encore une journée ordinaire qui s’annonce. Ce jour ressemble aux autres jours : habillage, petit-déjeuner, vérification du contenu du sac et des affaires de cours. J’ai tout, c’est bon je peux y aller. Une casquette bleue sur mes cheveux courts, roux faisant de l'ombre à mes yeux verts, un tee-shirt blanc avec un logo bizarre, pantalon en jean et baskets noires, et mon sac. Hugo / "Poils de carotte", quatorze ans, est paré pour cette nouvelle journée. Nouvelle journée tu parles. Journée habituelle, oui.
Comme d’habitude, le bus est bondé, je suis obligé d’y aller à pied. Le trajet est tranquille, trop tranquille et long, trop long. Ce que j'aimerais pouvoir voler ou du moins me déplacer autrement que juste à pied. Je cours un peu en pensant à ce que j'aurais fait si j’étais dans le bus. Je serais peut-être allé parler à Sara, mais elle est toujours inaccessible. Pourtant, elle est juste mignonne et personne ne lui court après. D’ailleurs personne ne l’approche, tout le monde l’évite, et je ne sais pourquoi. Et, moi dans tout ça, je ne suis rien qu’un gringalet incapable de protéger qui que ce soit, même pas la fille qui a volé mon cœur, ni moi-même. Je suis nul et pourtant, j’ai l’espoir qu’un jour tout change. Je suis trop timide, et trop une victime. Je ne peux rien faire contre les caïds de mon bahut.
Le bus est déjà arrivé depuis cinq bonnes minutes, et me voilà. Tiens, aujourd’hui je suis arrivé dix minutes en avance, avant la première sonnerie qui annonce l’ouverture du portail de l’école Alouette Pergeon. Quelle idée d’appeler une école ainsi, le gars n’a pas fait grand-chose, si ce n’est contredire avec ses recherches des lois de math existentielles, comme la gravité. Sara est accoudée tranquille à un arbre, son endroit habituel avant d’entrer dans l’école. Ah, cheveux longs châtains aux vents voilant ses yeux marron orangé, un tee-shirt bleu marine uni, et un jean assorti à ses « chaussures-rollers » rouges. Un peu garçon manqué, mais je l’aime et je ne peux rien faire d’autre que la regarder discrètement dans mon coin.
Les trois caïds du collège sont là, et la sonnerie ne sonne que dans huit minutes. La cible d’aujourd’hui, moi à coup sûr. Tiens, où ils vont ces trois-là ? Ils se dirigent vers Sara, mon cœur ne fait qu’un tour. Dans un premier temps, ils la maltraitent moralement. Prochaine étape : vol d’un objet cher à la personne, puis racket. C’est la procédure habituelle, je la connais par-coeur. Je ne suis pas la seule victime de l’établissement, mais aujourd’hui ils s’attaquent à Sara !
Sept minutes avant la sonnerie. Je m’élance. Mais là je ne cours pas. Qu'est-ce qu’il m’arrive ? Je vole ? On dirait bien. Je me pose juste dans leur dos. Ma venue les surprend. Déjà l’un d’eux part dans un buisson d’un seul coup de poing. J’ai fait ça ? Sara assène un coup violent de bouquin à un des caïds. Je frappe encore et il va rejoindre son camarade dans les fourrés. Au lieu de fuir, le troisième m’attaque de front. Hop ! Esquive et uppercut, ça fait mal. « Attention ! » me crie Sara. Les deux autres n’avaient pas bien compris ce qui leur était arrivé, alors ils reviennent à la charge. Un coup part dans ma direction mais je le stoppe juste à temps. J’enchaîne avec un coup dans le bide de l’agresseur et l’envoie valser là où il aurait dû rester. Sara assène un coup de coude à l’un des restants. Il se voûte et s’expose alors à moi qui en profite pour le renvoyer avec son camarade dans les fourrés. Je ne suis pas très baston, mais là je ne me suis pas trop mal débrouillé. Je suis un peu épuisé pour le dernier qui restait.
Cinq minutes avant la sonnerie, le dernier s’enfuit. Ouf ! C'était chaud. Je demeure un moment seul avec Sara qui me prend la main et m'entraîne vers le portail. Plus rien ne sera pareil maintenant. Et on ne se quittera pas de sitôt. L’ordinaire a volé en éclats, Sara je t’aime et tu acceptes mes sentiments. Nos pieds ne touchent plus terre sous les yeux ébahis de nos camarades. Enfin, la sonnerie. Envole-moi comme disait Goldman. Ah, quel bonheur.
Comme vous l'avez sans doute déjà remarqué, une nouvelle liste de genre (sans raton-laveur est apparu) chacun des items de cette listes est un lien vers les sujet appartenant à la liste (au moment ou j'écris seul quelques genres son occupés, mais le peuplement ne saurai tarder ) et puis ça donne une idée de a qui ça sert !
Hee ... T'est gentil Alton ... mais Cooment on apparaît dans la liste ? Hein Hein ... Comment je fais hein !!!!
Juste une petite précision : Les tag, en plus d'être assez rigolo pour taguer n'importe quoi #Voilà#Utilité, sont un peu capricieux, du coup si vous votre etiquette n'est pas exactement celle attendue, l'annuaire improvisé ne les reconnaîtra pas (ça compte pour les majuscules)
Ah oui, et si un admin pase dans le coin, il pourra modifier la charte pour virer les accents des tags qui ne sont pas reconnu ?
Comme d'habitude n'hésitez pas à râler si ça ne marche pas, (sinon là c'est un peu moche, je viendrai peaufiner dans la journée là je dois vraiment y aller ... )
Salut à toutes et à tous. Encore une publication de héros, c'est la dernière, après viendra le bonus (si vous êtes sages) et le début de la genèse des héros (leurs origines). Voici donc les quatre derniers héros. On se retrouve en fin de doc.
Tawny Fluid : Fauvar, guerrier fauve avec du fluide augmentant sa force. Il peut accéder aux formes = Fauvar normal < Fauvar Sauvage (augmentation de la puissance antérieure par 2). Il peut en plus passer en mode ultime (don obtenu par lègue de la part d'un Fauvar apparenté de niveau Fauvar Sauvage) = Fauvar Extrême (augmentation de la puissance antérieure par 1,50 voire 1,75). Il se bat à coup de pattes et griffes et peut envoyer des attaques à distance. Son nom signifie : Fauve du fluide.
Sources : Blue Lantern Siberius by saber4734 ; Blue Lantern Siberius by semaj007 ; décor de flammes bleus.
Mad Wolf : sang-mêlé loup – Lycan. C'est un combattant avec un esprit de guerrier humain (transmit de génération en génération), cela explique son apparence anthropomorphe. Il peut également accéder à la forme Lycan (augmentation de la masse musculaire et augmentation de la puissance antérieure par 2). De plus, il peut passer en Lycan-White (appel de la force spirituelle des ancêtres ; augmentation de la puissance antérieure par 2). Il se bat à coup de pattes et griffes et possède une lame courbe. Son nom signifie : Loup enragé.
Sources : DESIGN YOUR OWN HERO CONTEST!!! | Innospark Forums world of warcraft worgen rogue art ; loup garou Centerblog ; guerrier loup-garou Wallpaper – ForWallpaper.com ; u3ez0xqu.jpg Emmanuel8900 – Centerblog.
Soul-Tempest : sang-mêlé humain-Thornsan, humanoïde à épines. C'est un maître des quatre éléments principaux (feu, air, eau, terre). Il peut faire des attaques en combinant des éléments et peut accéder à une forme élémentaire (augmentation de la puissance par 3 voir 3.5). Il est ambidextre et possède un sabre avec fourreau en bois. Son nom signifie Âme de la tempête.
Sources : Armors, Devil and Armour on Pinterest-www.pinterest.com ; The 4 elements | Pinterest
Ronin-Mist : humain sabreur sang-mêlé mutant de l'ombre et du Cosmos (puissantes ondes de choc). Il peut produire des attaques simples ou combinées. Son nom signifie Samouraï mystérieux.
Sources : Jeu créer personnage anti-héros (JeuxFr.org) ; orbe ; Cosmo | Seiyapedia | Fandom powered by Wikia A scene when Mu explains that Cosmos is actually Seventh Sense ; ORE 18:00 TENEBRE su DENTRO ME Libero Blog-Trackback
Commentez et donnez vos avis. Un texte sur la genèse des héros est en cour de préparation, merci d'être patient.
Lightning Eagle : guerrier aigle avec des pouvoirs de foudre (éclairs, dopage au niveau de la vitesse). Il se bat à coup de serres et possède une lance. Son nom signifie : Aigle de foudre.
Sources : 1000+ ideas about Garuda on Pinterest-Garuda by FreedomIsNow ; Fureur-Céleste-La Lance de Lordaeron ; foudre
Crist-Orc : Orc maître du Korac (cristal pur et vivant). Il manie le cristal selon sa volonté grâce à une dague en Korac. Il possède en plus une grosse hache à deux mains. Son nom signifie : Orc du cristal.
Sources : Render World of Warcraft - Renders Wow Warcraft Orc ; kristal kwarts phurba poignard gesneden tibetaanse ; fond de cristal
Iron-Soldier : humain sans pouvoir pouvant augmenter ses performances avec des gélules de fulgurance. Il dispose d'un sabre rétractable et une armure résistante. Son nom signifie : Soldat de fer.
Sources : Uncategorized | my new year and Christmas (sabre) ; 1000+ images about Colour Swap on Pinterest | Spiderman, Jokers ... (héros)
Léo Fighter : War-feline, guerrier félin de type lion. Il a des capacités de frappes d'onde et vitesse. Il se bat généralement à coup de pattes et griffes. Son nom signifie : Lion combattant.
Image modifiée, références : Quand les signes du zodiaque se transforment en monstres ; Hitek ; Lion
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Bref, c'était la partie barbante, maintenant lâchez-vous, amusez-vous tout en respectant ces règles !
Ok, nouvelle nouvelle mes agneaux, moins lente, moins lyrique... Moins sur le style et plus sur l'action, finalement ^^
"Imaginez, la science vous propose des compagnons personnalisables à l'infini... Vous vous jetez dessus, comme tout le monde. Mais plein de choses peuvent mal tourner... " Spéciale dédicace à Tiun, Phoenix, Ragne, Teru, et même Earl et Silenuse (très rapidement) huhu
Lorsque nous créerons la vie, lorsque nous vendrons du rêve
Jour 0
Aujourd'hui c'est Noël. J'ai été la première à me lever, j'ai jailli de mon lit à sept heures pétantes. Cela fait longtemps que je n'ai pas ressenti pareille fièvre le matin du 25 décembre. Depuis quelques années, le jour des cadeaux est devenu pour moi celui des interminables repas de famille. Chèques et billets ont remplacé paquets cadeaux multicolores ; l'émerveillement enfantin s'est changé en ennui placide. Mais aujourd'hui, tout est différent. Pour la première fois depuis mes douze ans, j'ai su quoi demander. Cela fait des mois, et même des années, plus exactement, que je désire ce cadeau. Depuis que les premiers prototype ont été vendus sur le marché. Mais je m'y suis toujours refusée. Je ne suis pas de celles qui suivent aveuglément les tendances du moment. Ni de celles qui acclament chaque nouvelle invention scientifique comme un miracle. "Science sans conscience n'est que ruine de l'âme", disait Rabelais… Mais devant l'engouement grandissant qu'ont provoqué ces "DNPets" et ma propre curiosité dévorante, ma conscience à commencé à reculer, à relativiser. Ce n'était peut-être pas mal. Juste nouveau. De toute manière, il n'y a ni bien ni mal. Rien qu'un camaïeu de gris. Bref. Tout ça pour dire que je suis emplie d'un mélange de hâte et de peur, que mon estomac tourne et retourne en tous sens. Interrompant mes pensées chaotiques, mes parents nous rejoignent - nous, les enfants - au pied du sapin. Je froisse distraitement les plis légers de mon pyjama. Mon père, du rire plein les yeux, entame la distribution ; je me crispe imperceptiblement. S'il n'y a rien pour moi, c'est qu'ils ont accédé à ma demande, car mon cadeau n'est pas de ceux qu'on emballe. Si en revanche on me tend quelque chose… - Perline… Je sursaute, mes yeux s'accrochent à ceux de ma mère. Elle me sourit, et mon cœur bat plus fort. - Tu sais comment tu vas l'appeler ? dit-elle enfin avec un sourire. Mon souffle reste bloqué dans mes poumons. C'est oui. - Rendez-vous à la boutique demain, ajoute mon père parmi les cris de mes sœurs ouvrant leurs cadeaux. Ils auront besoin de ton ADN… C'est oui. Bon sang, c'est oui !
Jour 1
La boîte arrive deux semaines plus tard. Je n'en peux plus d'impatience ; mon visage est impassible lorsque je signe le reçu du facteur, mais mes mains tremblent et j'ai l'impression que mon cœur va exploser à force de pomper tant d'air et de sang, il faut que je l'ouvre, il le faut ! Je claque la porte d'un pied agile, encombrée de la boîte si lourde, puis la pose sur la table. Avant d'inciser les bandes de ruban adhésif, je hurle que mon cadeau est arrivé. Ce qui, dans ma bouche, donne ça : - Perle est là ! Perle est là ! La maison endormie s'agite soudain. Mes deux sœurs déboulent dans ma pièce tandis que ma mère dégringole l'escalier ; toute la famille est bientôt réunie autour de la boîte mystérieuse. Sur le carton renforcé, de grandes lettres arc-en-ciel claironnent fièrement "DNPet", accompagnées de la mention "urgent". Des brins d'ADN stylisés s'entrelacent avec la marque. - Tu ouvres ? demande timidement ma cadette, aussi fascinée que moi. Mes mains se ruent d'elles-mêmes sur le cutter, qui perfore avidement le carton ; les battants s'ouvrent et mon cadeau apparaît enfin à mes yeux. Dans une sphère de plexiglas étincelante, un petit être se tient roulé en boule, recroquevillé dans son sommeil. Des exclamations jaillissent autour de moi. Ma mère attrape le mode d'emploi ; mon père se saisit délicatement de la sphère moite et embuée, et la dépose sur le bois verni de la table. Délaissant le mini-manuel que je connais quasi par cœur après l'avoir dévoré sur le Net, je fais doucement pivoter l'objet et enclenche deux charnières de plastique. Il y a un petit claquement timide, puis les deux hémisphères se déploient. Le cœur prêt à éclater, je glisse mes doigts à l'intérieur et saisis doucement la petite bête toute chaude. Elle est à présent au creux de mes mains. Elle s'étire lascivement, passe sa langue violette sur ses babines, et ouvre les yeux. Mes yeux. Nous échangeons un regard, et j'ai l'impression étrange de me voir dans un drôle de miroir, de me voir déguisée dans un autre corps. Ses yeux sont noisette, pictés d'un vert discret. Si la prunelle n'était pas aussi ronde et large, il s'agirait d'un regard humain. De mon regard. Je la soulève pour la regarder mieux ; tranquille, elle m'observe sans ébaucher un mouvement. Elle est magnifique. Exactement semblable à mes vœux. Une corolle de plumes blanches tachetées d'arc-en-ciel se déploie autour de son cou, telle une crinière de griffon. Sa tête est celle d'un lion blanc, un petit lion aux grands yeux et aux longues moustaches. Son corps rond et duveteux est celui d'un oiseau mignon en forme de poire, dont j'ai oublié le nom. Sa queue en éventail fait écho à sa crinière. Elle a de petites pattes agiles, qui s'accrochent à ma peau. Elle me regarde l'observer, indulgente. - Coucou, je murmure. Elle agite les plumes en réponse, déployant brièvement ses ailes dans une explosion de couleurs. - Elle est trop mignonne ! s'extasient mes sœurs à côté de moi. - Elle est magnifique, conclut ma mère. Elle te plaît ? Je la pose doucement sur la table, et elle hérisse les plumes avant de commencer à explorer ce nouvel environnement. - Elle est géniale. Elle est trop bien ! Mon père se rengorge. - Un beau cadeau, hein ? - Oh là là, merci beaucoup ! Une paire de bisous plus tard, me revoilà le nez collé à la table, l'œil fixé sur ma nouvelle amie. Elle est si réelle ! Comme si elle était née dans la nature d'un autre monde que le nôtre, dans le sang et la douleur de sa mère, et non dans les éprouvettes d'un laboratoire. Un pincement de culpabilité me serre le cœur un instant face à cette pensée ; mais il s'efface lorsqu'elle pousse un petit gloussement adorable en découvrant un verre, aussi translucide que sa sphère. Est-elle mieux qu'un véritable animal ? Pire ? Je ne saurais le dire. Mais elle reste un être vivant sensible. Comme les animaux naturels, après tout. - C'est un verre, lui apprends-je. Un verre. - Un verre, répète-t-elle d'une petite voix - ma voix. Ma sœur benjamine pousse un cri de ravissement et tente de se jeter sur la petite bête ; j'enraye de justesse la tentative de kidnapping, formant un rempart de mes bras. - Pas touche toi, je gronde . - Pas touche, répète la bestiole de sa voix troublante, celle que lui octroie la gorge de perroquet des DNPets. Elle croise mon regard et éclate de rire, avant de se carapater à l'autre bout de la table. - Hé, reviens Perle ! ronronne ma sœur perfide, prête à refaire une tentative. Un éclat d'incompréhension traverse les prunelles rondes ; j'éclaire sa lanterne. - Tu t'appelles Perle. C'est ton nom. Ton nom. Regarde, moi c'est Perline. Tu comprends ? Hein ? Elle penche la tête à droite, à gauche, et encore à droite. Je l'imite, faisant de nous des miroirs, l'un animal et l'autre humain. - Perle, conclut-elle en reprenant son exploration. Perline. Perle et Perline.
Lorsque Dieu voulut le créer, Il dit au Vent du Sud : "Je veux faire une créature comme toi. Prends corps." Ainsi naquit le mythe du Buveur de vent.
Je passe d'une jambe sur l'autre. Nerveux. Mon cœur tambourine déjà… Cela fait si longtemps que j'attends ce moment. Des mois, des années ; des siècles. Et à présent, je me retrouve ici, sur cette piste chaude, emballé par le brouhaha de la foule et suant sous le ciel lourd qui pèse sur nous de tous ses nuages. Jamais je n'aurais imaginé m'y tenir à nouveau… L'air crépite d'électricité, alors que tous les coureurs sont encore immobiles. L'échauffement est terminé. Les échos de voix résonnent et s'entrecroisent dans le stade. Dans les tribunes, les regards s'affrontent et les doigts pointent les favoris. Les speakers tentent de se faire entendre, sans succès. Au chaos des tribunes s'oppose la tension attentive qui règne ici-bas. Je retrouve mon vieux réflexe d'analyser mes adversaires ; mes yeux passent et repassent sur les corps fumants à ma gauche, à ma droite. Notant la rage de l'un, le calme de l'autre, soupesant l'aplomb de chacun d'eux. Comme autrefois. Nul n'aurait pu me vaincre, avant. Mais aujourd'hui, le doute me ronge les entrailles, gâchant mon bonheur euphorique de me retrouver ici. Sur la piste. J'ai encore du mal à le croire. Je tâte le sol tendre du pied… ou plutôt avec la palme de plastique articulée qui le remplace. Les chirurgiens n'ont pas manqué leur affaire. En quelques mois d'opérations, repos, opérations, repos et opérations à nouveau, je suis finalement passé de l'état de loque inhumaine à celui de créature bionique. Défiant les lois de la nature. Mon visage se crispe encore lorsque j'ausculte l'architecture translucide de mes jambes ; mais c'est grâce à elles que je me tiens ici, fier et droit, plein d'aplomb, moi qui ne vit que pour la course. Ce n'est pas par bonté que l'on a dépensé des millions pour m'offrir une nouvelle vie. Je ne sais s'ils me croient dupe. Je sais que je suis la poule aux œufs d'or, une mécanique réparée pour l'occasion. Il me faut gagner cette course. Il me faut réussir, si je veux vivre. Les médecins l'ont dit : mon corps peut lâcher à tout moment, dans l'effort d'une véritable course, quand le cœur pompe avec désespoir, que les poumons se gonflent à éclater et que les muscles tremblent. D'après les experts, si je tiens bon les premiers mètres, j'ai les trois quarts des chances de terminer la course. Pas de la gagner… Au cours de ma convalescence, puis de ma rééducation, j'ai connu deux sortes de gens. Ceux qui pensent que je suis à présent un titan, un cyborg, que sais-je d'autre ; un presque dieu, né de la science, surhumain. Ceux-là hurlent mon numéro dans les tribunes, persuadés que les autres n'ont aucune chance. Les autres me voient comme un bibelot fragile, une poupée rafistolée avec laquelle on veut encore jouer, mais qu'on aurait mieux fait de laisser crever. Ce sont ceux qui rient quand on leur parle de moi. Ceux qui sont venus pour voir ma chute. Ces milliers de gens, cette masse anonyme et inhumaine dont les yeux nous transpercent, nous soupèsent, nous évaluent, sont ici pour le spectacle ; pour me voir vaincre ou pour me voir hurler, trébucher et m'écraser dans un fracas de plastique et de métal, titan fauché par la course. Je voudrais tant ne pas leur donner satisfaction. Je voudrais tant que ce corps se montre aussi réel, aussi nerveux, aussi puissant que l'autre. Que les trente kilos de titane et d'alliages plastiques ne soient pas si lourds et si artificiels. Le contraste est immense entre la douceur mouvante de mon buste, sensible à l'air, à l'écoute de mes moindres ordres, et l'amas de ferraille bionique qui a remplacé mes jambes. J'ai déjà voulu m'en débarrasser. J'ai déjà voulu me tuer, plutôt que de finir misérable rampant. Plutôt que de finir immobile et non fauché en pleine course comme je l'ai toujours voulu, la poitrine battante, giflé par le vent et ivre de bravos. Les speakers ont enfin repris le contrôle sur la foule. Je place soigneusement mes jambes. Comme autrefois. M'arc-boute, répartissant le poids du corps. Comme autrefois. Contracté au maximum, tendu tel un élastique prêt à cingler ce qui le retient. Le regard fixé au sol, comptant les secondes jusqu'à-ce que mes battements de cœur s'y accordent parfaitement. Mon souffle rugit à mes tympans. Je ne regarde pas ceux qui me fixent avidement. Seules comptent les secondes qui s'égrènent dans le silence bruissant du stade… Ne tombe pas. Ne tombe pas. Et soudain nous fonçons ! Première foulée, longue, puissante, vibrante d'une énergie désespérée. Des images et pensées clignotent devant mes yeux, éclatent comme des bulles de savon, me noient dans une déferlante d'émotions ; ne pas tomber, les jambes pèsent lourd, j'ai mal, ceux qui me fixent, le ciel menaçant roulant ses ombres, le sol tendre sous moi, ne pas tomber, ceux qui me fixent, ne pas tomber, j'ai mal, je sens comme le stade retient son souffle, suspendu à mon pas, à l'engrenage de technologie qui s'actionne sous moi, à ma souffrance avide, au tonnerre de mes foulées, à mon corps nerveux. Tout entier tendu vers une seule idée désormais. Non pas gagner, mais courir. Ne pas tomber. Ne pas mourir. Vivre envers et contre tous… Et tandis que je dépasse les premiers mètres, tirant mon corps lourd et malhabile, transformant le plomb en or sous l'impulsion de ma volonté, je me retrouve tel que j'étais il y a des années ; et devant mes yeux fous, les souvenirs se superposent à la réalité, et l'euphorie, la puissance d'alors me reviennent au cœur, me poussant en avant. Un éclair zèbre le ciel bas, nous giflant de lumière, mais il ne pleut pas, pas encore, la course est souveraine, il ne pleut pas pendant les courses, jamais. Et j'oublie que je suis dépassé, j'oublie le classement et les numéros qui dansent devant moi, j'oublie que je suis la poule aux œufs d'or et que je ne peux pas perdre. Et je me retrouve comme autrefois, demi-dieu chassant les étoiles filantes, la gorge écorchée par mon souffle, les sabots martelant la piste chaude, les naseaux buvant le vent, la crinière en panache telle un étendard ; transformant ma douleur en une énergie inégalable, tirant sur mes muscles, qu'ils soient naturels ou artificiels. J'oublie l'homme rachitique perché sur mon dos, qui pense mener la danse mais qui est en mon pouvoir ; j'oublie que je ne suis ni un dieu ni un animal, j'oublie que je suis le premier cheval bionique de l'histoire. Juste ivre de vent.
Ce texte est le premier de ma série de très courtes nouvelles, ayant pour thème le courage. ^^ Vous avez ici le Texte 2 → Vivre envers et contre tous et le Texte 3 → Ivre de vent PS. Les deuxième et troisième textes ne sont pas les suites de celui-ci, mais deux histoires complètement différentes. ^^
→ Musique associée
Inspiré d'un rêve.
Le Silence de la révolte
Seuls restent le silence et le vide. Ce vide qui chaque jour nous engloutit, nous fait disparaître petit à petit. Qui, ici, sait éprouver un sentiment ? Personne. Voilà ce que vous avez fait de nous.
Nous sommes placés en cercle, autour du bassin, pareil à un gouffre sans fond. L'eau noire et lourde me paraît aussi stagnante que la boue, aussi opaque que la nuit. Aussi froide que ce vent de givre qui fait voler nos cheveux et écorche nos joues. En contrebas, au centre du bassin, là où le sol de pierre remonte pour former une petite île battue par le clapotis, se tiennent les deux arbitres. La femme - j'oublie toujours son matricule - lance un numéro et jette un poids à l'eau, à quelques mètres du bord où nous sommes postés. Je jette un regard en coin vers mon voisin. Tendu comme un arc, celui-ci serre les mâchoires. Il porte le numéro suivant, il n'a plus que quelques minutes de répit.
Nous connaissons le jeu. Il est tout aussi facile d'y gagner gros, que d'y perdre la vie. C'est un jeu d'hiver, puisque l'été, la chaleur nous le rendrait trop agréable. C'est un jeu qu'on aime pour son défi silencieux, pour son danger sous-jacent. Ou du moins, c'est pourquoi je pense que certains l'apprécient. Pour moi, bonne nageuse sans prétention, mais aux poumons trop faibles, il signifie surtout la morsure du froid, l'étreinte puissante de l'eau, le noir complet qui règne dans les profondeurs, et cette peur qui étouffe le cerveau après avoir brûlé les poumons.
C'est sans doute la même chose pour mon voisin, mais en pire. Lui nage comme un chien : mal, avec ridicule, mais animé par cette rage frénétique qui le maintient à la surface et garde la mort à distance. Je détaille ses cheveux noirs hérissés sur sa tête, ses yeux en amande fixés sur l'eau en contrebas, sa peau hâlée. Je n'éprouve rien de particulier pour lui, juste une sorte d'affection diffuse. Cela fait plusieurs années qu'il se place systématiquement à côté de moi pendant les jeux. Nous échangeons des regards, plus rarement des sourires. Nous ne savons rien l'un de l'autre ; je ne connais ni son matricule ni le numéro de sa couveuse. C'est à peine si j'ai déjà entendu sa voix ; il faut dire qu'ici-bas, il ne nous est jamais demandé de parler. Tout en étant encore loin de l'être, il est sans doute ce qui se rapproche le plus d'un ami.
- Numéro douze ! braille l'arbitre. Il prend une inspiration haletante et ses yeux me cherchent. Nos regards se croisent, et tout ce que je lis dans le sien est la peur, la peur, la peur. Je hoche la tête imperceptiblement. Bonne chance. Tu t'en sors toujours ; pourquoi cela serait-il différent aujourd'hui ?
En bas, l'arbitre choisit un des poids les plus légers - elle sait que les compétences natatoires du garçon brun et trapu sont plus que limitées.
Sauf qu'elle le lance tout près du bord, juste sous nos pieds. Là où le bassin est le plus profond. Plusieurs mètres, je ne sais pas exactement. Le poids éclabousse la paroi froide et brute, puis coule à pic, jusqu'à atteindre la zone que la lumière n'atteint jamais, où seule existe l'obscurité. Le garçon paraît se changer en pierre un bref instant. Frappé de plein fouet par l'impossibilité de ce qu'on lui demande d'accomplir. Il finit par se redresser, et plonge.
Je n'essuie pas l'eau qui vient d'être projetée sur mon visage, je ne me penche pas. Surtout pas ! Nous ne devons jamais exprimer ouvertement nos émotions, ni faire étalage de sensiblerie. Alors je fais imperceptiblement basculer mon poids vers l'avant, et, les paupières à demi baissées, fixe la surface noire et miroitante.
Silence.
Silence toujours.
Au bout de quelques secondes, plusieurs bulles éclatent à la surface. Elles sont seules à remonter. Mon cœur commence à s'emballer ; c'est étrange, car rien ne me paraît insurmontable dans l'idée que le garçon soit mort. Je n'aurais plus à tenter de camoufler mes sourires lorsqu'il éclate de rire en réaction au ridicule d'un autre enfant. Pas pour se moquer, non, il est trop candide pour cela. Juste pour tenter de repousser, l'espace d'un instant, la solitude, le silence de notre vie. Pour partager un rayon de joie avec nous autres, pauvres ombres bien incapables d'exprimer la nôtre.
Je n'aurais plus à lui retourner un regard vide, ce même vide qu'il voudrait tant combler, pour m'éviter les punitions des éleveurs, qui ont à cœur de piétiner la moindre bribe d'amitié, de déchirer le moindre lien qui pourrait se tisser entre nous. Lui se fiche des punitions : pendant une heure la douleur le prend ; puis il recommence à promener sa sympathie derrière lui, à la manière d'un étendard.
Espoir des enfants, grand échec des éleveurs.
Oui, mon existence sera bien plus tranquille sans lui. Personne n'ira le chercher au fond de l'eau ; nous avons déjà vu la même scène se jouer de nombreuses fois. Nos éleveurs appliquent à la perfection la règle gravée sur toutes les portes des couveuses : Ce qui ne nous tue pas nous rend plus forts.
Leur but est sans doute de faire de nous une élite, de conserver les plus forts, et de les aiguiser jour après jour, de les tailler pour en faire des diamants, froids, inhumains et indestructibles. Cela ne me surprendrait pas qu'ils aient des quotas de disparus à atteindre chaque mois.
Je ressens le silence comme jamais auparavant. Il entre en moi, étire ses filaments translucides, me glace le cœur et les pensées.
Le garçon ne remonte vraiment pas. Je ne crois pas que cela me touche.